Le Camino del Norte, un décor de mer et de falaises | La Balaguère

Philippe est accompagnateur spécialiste des chemins de Compostelle.

Bonjour Philippe ! Le Camino del Norte fait figure de nouveauté. Qu’en penses-tu ?

Au contraire, c'est l'ancêtre de tous les chemins. Il est simplement peu proposé par les agences et peu fréquenté par les pèlerins qui lui préfèrent le « Camino Frances ».


A ma connaissance La Balaguère est la seule à le proposer en formule accompagnée. Le 7ème jour, à Oviedo, on rejoint le Camino Primitivo emprunté par Alphonse II roi des Asturies pour aller à Saint Jacques authentifier les reliques de l’apôtre sitôt après leur découverte. Pour situer, Alphonse II était contemporain de notre Charlemagne national. St François d’Assise l’aurait également suivi.

Tout ça c’est l’histoire et aujourd’hui ?

A mon avis, le Camino del Norte est promis à un bel avenir. Pour preuve, le très médiatique et académicien Jean-Christophe Ruffin en a fait un best-seller « Immortelle randonnée ». Il faut donc en profiter avant que la foule ne déferle. Pour le moment on ne rencontre pas grand monde. On est véritablement immergé dans l’Espagne authentique où personne ne prête attention à nous et à notre porte-monnaie. Ici, peu d’hébergements pèlerins, principalement des auberges familiales où l’on se sent comme chez soi. A table c’est pareil. Que de l’authentique, des plats traditionnels espagnols et des tapas. Et comme on longe la mer en permanence, beaucoup de poisson.

Tu parles de tout sauf de la rando. Est-ce qu’on marche au moins ?

Il faut d’abord camper le décor. A main droite la mer. Des falaises qui tombent à pic entrecoupées de plages.
A main gauche, la chaîne des monts cantabriques. Haute. Presque 2700 m aux Picos de Europa.


Au milieu une étroite bande de terrain avec la route, les villes industrieuses, des villages, généralement des ports comme celui de Castro Urdiales avec une formidable église romane battue par les flots et des rues en arcades où il fait bon s’arrêter déguster des tapas ! La formule de la Balaguère est excellente. On shunte tous les passages goudron pour ne faire que le meilleur.


La nature n’est jamais loin. Et puis il y a l’arrivée en Galice après la traversée sauvage de la cordillère cantabrique : des landes désolées, des hameaux isolés et au loin les collines galiciennes avec leur paysage de bocage, le vin blanc sec et l’accueil chaleureux qui va avec !

En tant qu’accompagnateur, quel est ton rôle ?

Je fais tout. Je me sens indispensable. C’est bon pour l’égo. Je m’occupe des visites, de la logistique et des randos. Mais c’est vrai que la rando c’est presque le plus facile. Le soir il faut rapatrier le véhicule pour repartir le lendemain. J’y vais pendant que les gens se douchent entre l’arrivée à l’hôtel et le repas.

Côté climat, le Camino del Norte n’a pas bonne réputation !

Il ne faut pas exagérer. Il ne pleut pas tous les jours et le soleil revient vite. C’est sûr qu’on ne se grille pas la couenne au soleil. L’océan est proche. Une petite brise de mer se fait toujours sentir et apporte ce qu’il faut de fraîcheur, il fait bon. Ce n’est pas comme en rando où il faut subir la pluie quoiqu’il arrive.


Le minibus est toujours avec nous et le programme peut être aménagé en fonction du temps.

Comment se passe une journée type durant cette randonnée ?

Après un petit déjeuner à l’hôtel ou à l’auberge, départ en minibus (souvent vers 9h/9h30 rarement plus tôt) pour rejoindre le point de départ de l’étape de la journée. Quelques minutes d’échauffement pour démarrer dans de bonnes conditions et en route ! Arrêt au passage pour visiter un des nombreux monuments du chemin et après un pique-nique ou parfois des tapas dans un bar arrivée à la fin de l’étape à pied. Le groupe va faire un tour dans le village (ou au bar) et pendant ce temps je prends un taxi pour aller récupérer le minibus. Pendant ce temps le groupe vit sa vie : visites (éventuellement), douche... On se retrouve pour l’apéro au bar du coin ou à l’hôtel et repas à l’espagnole.


On vit bien sur le chemin de Compostelle ! Pour conclure je dirais qu'il faut en profiter pendant qu’il n’y a pas encore trop de monde : ça ne durera peut être pas !

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Un article de Philippe Airieau