Le sentier Cathare, un saut dans l'histoire | La Balaguère

© ADOBE STOCK / midgardson

Mon implication dans le sentier cathare est forte.
Hormis le fait d'y avoir encadré des randonnées dans ma jeunesse, j’ai pris une part active dans son développement.


Dans les années 2009 à 2010, le conseil général de l’Aude, ému de la baisse de la fréquentation du sentier, m’a confié la mission de le redynamiser. Je me suis mis à l’ouvrage avec enthousiasme dans le cadre de Balaguère Formation. Parmi les résultats les plus probants, j’ai supervisé la création de la Carte au 50e qui vous sert aujourd’hui, préconisé le passage en GR (sentier de grande randonnée) et proposé la réédition du topo-guide.

La Balaguère propose une véritable traversée du Pays Cathare

La traversée du Pays Cathare en liberté proposée par la Balaguère est très intéressante.
Elle visite les principaux sites et épargne les jonctions fastidieuses qui sont faites en taxi.

La randonnée commence au château de Queribus.

Juché à 728 m sur un piton, il offre par temps clair une vue  remarquable des Pyrénées à la Méditerranée.


Avec les châteaux voisins de Peyrepertuse, Puilaurens (que vous visiterez) Termes et Aguilar, il fait partie des 5 fils de Carcassonne. Ces forteresses sont improprement appelées châteaux cathares car construits après la croisade pour défendre la frontière avec le royaume d’Aragon.

J’aime bien Puilaurens. Vous y passerez en milieu de rando. Encastré dans une profonde vallée, il a quelque chose de sinistre et de beau à la fois. À votre place, je me fendrais de quelques euros, pour  participer à la visite de Patricia. C’est la compagne d’un accompagnateur Balaguère. Elle a le don de faire parler les pierres. Il suffit de prendre rendez-vous avec elle. Son N° figure sur le topo.

Autre château incontournable : Montségur.

C’est le plus célèbre de tous. Il est connu pour l’épisode du bûcher. Le 1er mars 1244, le château tombe aux mains des croisés. Quinze jours de réflexion sont donnés aux assiégés pour abjurer leur foi. Peine perdue Le 16, 220 cathares périssent par les flammes au « Camp dels crémats » (champ des brûlés) dressé pour la circonstance au pied du château.


Queribus et Peyrepertuse dominent un océan de  vignes. Vous êtes en plein terroir de l’AOC Corbières. Il semblerait que l’interdiction de boire du vin n’ait pas concerné les cathares à l’exception des 120 jours de jeûne annuel auxquels ils étaient assignés. La seule crainte était qu’un excès de boisson ne provoque l’ébullition des sens et les effets pouvant en découler. Vous, vous n’êtes pas concernés. N’hésitez donc pas à vous en envoyer en passant un petit coup derrière la cravate. La cave de Cucugnan est au bord du sentier...


Le nom de Cucugnan a des accents de Provence. Les gens du coin situent ici l’origine du truculent curé de Cucugnan immortalisé par Alphonse Daudet. L’auteur des Lettres de mon Moulin n’aurait fait que retranscrire à sa sauce le sermon du père Bourras lui-même repris d’un conte local ayant pour héros le folklorique abbé Marti. Autre clin d’œil, le Moulin d’Omer qui agite ses grandes ailes depuis sa remise en service en 2006. À voir également l’église paroissiale.

Changement de décor en arrivant dans les gorges Galamus.

Depuis le VII° siècle, le site était très prisé des ermites. Le dernier, père Pierre, vécut ici en 1959, comme en témoigne la stèle érigée à sa mémoire.


Nouvelle ambiance au Gîte de La bastide. Le hameau où il se trouve est attribuée aux Templiers (XIII° siècle). Le Pech de Bugarach domine la vallée. Ses 1230 m en font le sommet le plus élevé de l’Aude. Particularité géologique : les terrains anciens se trouvent en haut, les plus récents en dessous. Ce curieux agencement lui vaut le surnom de montagne inversée. Le calendrier maya prévoyait la fin du monde le 21 Décembre 2012. Seule Bugarach aurait été épargnée. Rien ne s’est passé ! Sauf une fréquentation sans précédent de la région.


J’adore le gîte de La bastide. Il est tenu par Neli et Richard et partie intégrante d’une ferme. Ce sont des gens de conviction. Ici, on élève principalement des vaches gasconnes reconnaissables à leur robe gris argent. À la table du gîte, on pratique le plus court chemin du champ à l’assiette. Les légumes et viandes sont de la maison, tout le reste vient des amis paysans d’à côté.


En passant à Nébias, vous franchissez la ligne de partage des eaux entre l’Atlantique et la Méditerranée. Elle est symbolisée par un petit monument. Mais l’important est le labyrinthe vert. C’est une curieuse formation géologique, très courante dans les Pyrénées que les géologues appellent « lapiaz ». Celui de Nébias est qualifié de vert à cause de la végétation qui le recouvre. Sa chance est d’être à côté du sentier cathare. N’hésitez pas à faire le détour. Il en vaut la peine.

Plus loin le château de Puivert apparaît.

Arrangez-vous pour arriver tôt.

Vous pourrez au choix visiter le château et le musée du Quercorb consacrés à la musique des troubadours. Il est aussi possible d’aller piquer une tête au lac (plage aménagée). Par jour de pluie, peut-être apercevrez-vous la dame blanche sur les rives du lac ou aux fenêtres du château. C’est une légende ! Mais elle repose sur un fait réel. Jusqu’au XIII°siècle, s’étendait ici un lac retenu par un barrage naturel. Un effondrement de ce dernier en 1289 provoqua une inondation et la destruction de la ville de Mirepoix à 30 Km au Nord.


Françoise et Michel qui tiennent le gîte de Puivert sont des amis. En complément d’offrir le gîte et le couvert, leur passion est la fabrique de marionnettes et des marottes. Ne manquez pas de visiter leur atelier sous le gîte.


Le sentier cathare, on l’aura compris, n’est pas une randonnée ordinaire. Au-delà de son intérêt purement sportif, on peut aussi le pratiquer avec le regard de l’histoire.


Toutes nos randonnées au Pays Cathare