Soirées projections & apéros voyageurs
Lorsque j’ai pris ma retraite, j’ai décidé de découvrir le monde d’une autre manière que celle qui m’était proposée par la multinationale qui m’employait. Découvrir le monde en marchant, au rythme de ses pas, échanger avec son groupe, rencontrer et prendre le temps de voir et d’admirer. J’ai aujourd’hui 70 ans, nous vivons au bord de la mer en Bretagne, je m’investis dans une association caritative. La pratique du vélo, de la course à pied et du kayak entretiennent ma forme physique, et j’essaie d’entretenir ma créativité et mon sens de l’observation au travers de la peinture.
J’étais coopérant en Algérie en 1975, et j’ai gardé un souvenir extraordinaire du Sahara Algérien que j’ai traversé en voiture et des lieux mythiques comme l’oasis de Ghardaïa.
Après être allé au Népal (le tour des Annapurna), puis en forêt amazonienne, après avoir marché sur la lave de Lanzarote, ou être monté sur les volcans du Guatemala, il manquait l’expérience du désert. Mais, pas en voiture cette fois, à pied, en prenant le temps de le vivre…
Cette randonnée n’est pas seulement touristique, ce sont deux semaines d’immersion complète dans un univers dépouillé. Je crois qu’il faut une expérience de bivouac et être prêt à le pratiquer pendant 2 semaines. Pour bien vivre ce trek, il faut aussi être prêt à des conditions de confort et d’hygiène sommaires. La randonnée n’est pas difficile, mais on marche dans le sable (ce n’est pas très stable).
Quand tu ne marches pas, tu vis au ras du sol pour les repas, les soirées, le thé, ... Chaque journée se déroule suivant le même rythme : Si à 5h du matin, tu entends marcher, c’est un chamelier qui ramasse du bois pour allumer un feu. Accroupi, il va préparer du thé pour les chameliers, le guide et le cuisinier. Si tu t’approches, ce sera pour toi aussi. Le cuisinier est déjà à la tâche, il fait des crêpes pour notre petit déjeuner et prépare le repas du midi (cuisson de riz…)
Au réveil de 6h30, il faut d’abord ranger son sac qui sera chargé sur le dos des chameaux (à vrai dire dromadaires, appelés chameaux ici) pendant le petit déj…Le pain a été fabriqué et cuit la veille dans le sable chauffé par les braises.
Pendant ce temps les chameaux blatèrent pour protester lors du chargement des sacs.
Nous marchons dès 7h30, jusqu’à 11h30. La pause de midi est longue, en novembre il fait trop chaud, nous attendons donc 15h30, 16h pour reprendre la rando pendant 2h. Donc après le repas (salade et fruit) chacun s’installe sur un matelas pour la sieste ou la lecture à l’ombre d’un acacia.
Le soir, les chameaux sont libérés de leur fardeau. L’occupation principale est l’installation du camp, une toilette de chat, trois verres de thé, un repas et une soirée autour du feu.
Un soir Mehdi nous fait observer le ciel et repérer les étoiles, et constellations. Un autre soir nous jouons au Sig avec un chamelier et le guide. Les pions sont des épines pour une équipe et des crottes de chameau pour l’autre. On joue avec des bâtons décorés sur une face… Les vainqueurs sont aussi exubérants que des champions du monde.
Les dunes de l’erg Amatlich sont fantastiques. Nous sommes restés assis un bon moment à admirer ces courbes à perte de vue et à attendre le passage de nos chameaux, puis on a assisté au coucher du soleil.
Comment se chausser pour marcher dans le sable ? Les chaussures se remplissent, les sandales c’est mieux. Pieds nus c’est un plaisir, au moins pour dévaler une dune. Le sable est beau mais il s’infiltre partout, dans les chaussures, dans le sac à dos, le sac de couchage, les cheveux, les oreilles, le nombril. A la fin du voyage, il y en a même dans le tube de dentifrice.
Il n’y a pas seulement les dunes. L’oued ensablé est interminable. Puis c’est le désert de cailloux parsemé de crams crams qui accrochent leurs épines à tes vêtements. Si ça rentre dans la peau tu as une occupation pour ta soirée.
Evidemment, quand tu marches ainsi, des heures durant, dans le sable ou les cailloux du reg, l’atmosphère est sèche et l’eau a toute son importance. Celle que tu bois a un goût un peu chimique.
Alors il y a des moments magiques, lorsque tu arrives dans un oasis et qu’une eau pure s’écoule entre des roches et s’en va disparaitre dans le sable, ou bien quand, au puits, tu t’autorises à verser une cuvette sur ta tête, et le summum, c’est lorsqu’il y a encore assez d’eau dans une guelta et que tu peux y plonger et nager, le moment est magique.
En deux semaines nous avons rencontré peu de Mauritaniens car ils ont déserté les villages après la récolte des dattes. Les familles qui nous ont accueillis nous ont offert le thé et proposé des chèches ou des bijoux. Les habitants du désert vivent dans un vrai dénuement.
Pour compléter le ressenti de cette expérience, il faut aussi parler de la vie du groupe car ce n’est pas banal de vivre 24h sur 24 avec un guide, deux chameliers, un cuisinier et 4 randonneurs. Au fil des jours les personnalités se révèlent. C ‘est aussi le partage des émotions, des difficultés (ampoules, fatigue, …), et une intimité peu courante…
C’est le bon tuyau que m’a donné une amie.
Je partirais volontiers au Sri Lanka et à Madagascar
Mauritanie, de l'Erg Amatlich aux sources de l'Adrar