Tarn,petit ru,je t’ai connu filet au pied du Mont Lozère A Florac,déjà tu te donnes de l’importance et tu erres Pour mieux te fracasser,crues de l’hiver,au Pont-De-Monvert. Tandis qu’à Albi,tu es gros,paisible,ventru. Du côté de Moissac,énorme,tu te maries à Garonne. Tarn,petite amazone,tu lui conteste le trône. Mais c’est en amont de Millau que tu montres ta splendeur. Les causses comme autant de balcons dévoilent tes gorges. Les vautours,guetteurs du ciel,y prennent de la hauteur. Tu t’insinues dans ce sillon,œuvre de Vulcain et ses forges. Tes blocs calcaires sont figés en équilibre précaire. Au-dessus du vide,des chemins invisibles mênent à d’improbables ermitages. Tes eaux limpident se jouent des rôchers et découvrent les plages. Tu n’es pas Colorado,tu as moins d’ambition,tu es le Tarn !