La Via de la Plata en Espagne, un des chemins de Compostelle les plus authentiques | La Balaguère

© Céline Bruyas

J ’ai déjà parcouru plusieurs Chemins de Compostelle en Espagne : le « Camino Frances », le plus connu, et le « Camino del Norte », qui longe la magnifique côte de l’Espagne verte. Ces itinéraires, riches d’histoire et de rencontres, sont aujourd’hui très fréquentés. La Balaguère était à la recherche d’un nouveau parcours, plus intime, plus authentique.

La Via de la Plata, Chemin qui relie Séville à St Jacques de Compostelle

Depuis 8 ans déjà nous proposons la Via de la Plata, le Chemin qui relie Séville à St Jacques de Compostelle, en voyage accompagné : 'De Séville à St Jacques à pied - bus par la Via de la Plata'.
En 15 jours, le groupe parcourt l’itinéraire en alternant trajets en minibus, randonnées et visites avec un accompagnateur spécialiste. Un circuit qui permet de découvrir en peu de temps un concentré des richesses de ce Chemin jacquaire.


L’idée était maintenant de proposer l’ensemble du parcours, entièrement à pied et sans accompagnateur, afin de suivre pas à pas le chemin de pèlerinage en liberté. Un concept ambitieux : 50 jours de marche, et 1000 kilomètres à travers l’Espagne du Sud au Nord. Le tout découpé en 5 circuits, modulables, afin que le randonneur puisse effectuer tout ou partie du pèlerinage à sa guise.


Après l’Andalousie, la traversée de l’Extrémadure, une région authentique et peu fréquentée des touristes, puis la Galice.


'Surtout, un parcours qu’aucune autre agence de randonnée française ne proposait. Et pour cause, le manque d’infrastructures sur place rendait la tâche compliquée.'

Mais le défi en valait la chandelle : il fallait aller voir sur place si un tel circuit était possible !

Proposer la Via de la Plata en liberté, une formule inédite

Ce fût un vrai coup de coeur. La Via de la Plata, Chemin de pèlerinage qui relie Séville à St Jacques de Compostelle, suit une ancienne voie romaine utilisée pour le commerce. A partir du XIIIème siècle, ce fut aussi le chemin de la « Reconquête » des chrétiens sur les Maures. Parcourir cet itinéraire du Sud au Nord, c’est donc un peu comme suivre le fil de toute l’histoire d’un pays !


Sur la première partie de la Via de la Plata, 'De Séville à Zafra' (8 jours), nous débutons dans la capitale andalouse au patrimoine exceptionnel. Très vite, le Chemin gagne des Sierras très isolées. Le pèlerin chemine à travers les paysages typiques de « dehesas » : il s’agit de collines arides parsemées de chênes verts. Des parcelles délimitées par des murets de pierres abritent des élevages traditionnels de bétail en liberté. Au milieu de ce paysage sec émergent, tels des joyaux, de splendides villages blancs : Castilblanco, El Real de la Jara… Les habitants vivent principalement de l’agriculture, de manière très traditionnelle, et le quotidien est émaillé par de nombreuses fêtes de village.


La deuxième portion de l’itinéraire, 'La Via de la Plata : de Zafra à Caceres' (8 jours), est placée sous le signe du patrimoine antique : nous faisons en effet étape à Merida, qui abrite un vaste complexe datant de l’époque romaine, avec théâtre, cirque, temples… classés au patrimoine de l’UNESCO. En fin de parcours, nous séjournons 2 nuits dans un hôtel insolite qui reproduit une ancienne villa romaine. L’avantage de ces deux premières semaines sur la Via de la Plata est qu’il y fait très doux dès le mois de février : un parcours idéal si vous souhaitez randonner en hiver et au printemps !


La diversité des paysages s’affirme sur la troisième semaine de la Via de la Plata : ' De Càceres à Salamanca' (11 jours). Nous randonnons au cœur de la région d’Extrémadure, l’une des plus méconnues de l’Espagne, le long de la frontière portugaise. Après les collines arides, les paysages traversés prennent des allures de far west autour du barrage d’Alcantara. L’étape à Galisteo est exceptionnelle : ce village méconnu des touristes est une véritable pépite, avec ses maisons blanches ceinturées de murailles en galets, datant de l’époque almohade, et son ancien minaret transformé en église. Après le passage par l’emblématique Arc de triomphe de Caparra, encore un vestige romain, le chemin s’élève dans les montagnes de la Sierra de Béjar. Et nous randonnons à présent dans des paysages de moyenne montagne, autour de 1000 mètres d’altitude, entrecoupés de charmants villages typiques. Salamanque marque la moitié du Chemin vers Compostelle : cette ville parmi les plus belles d’Espagne est célèbre pour sa prestigieuse université, la plus ancienne du pays.


La suite de l’itinéraire, De Salamanque à Puebla de Sanabria (12 jours), nous mène à la découverte des traditions viticoles. Le randonneur traverse plusieurs villages dédiés à la culture de la vigne qui recèlent des « bodegas » traditionnelles, ces profondes caves à vin creusées sous les maisons. De nombreuses bâtisses anciennes ont été transformées en « casas rurales », chambres d’hôtes à l’accueil familial, idéales pour l’étape des randonneurs. Mais il y a aussi des portions avec très peu d’offre d’hébergement. L’idée étant de préserver au maximum l’itinérance du parcours, tout en gardant un bon niveau de confort, l’étape se fera parfois dans des hôtels de bord de route type « motels ». Nous les avons sélectionnés avec soin, pour la qualité de leur accueil et de leur table, et les propriétaires sont habitués à accueillir des pèlerins. L’étape de Zamora marque un temps fort : cette ville peu connue est en effet un joyau de l’architecture romane. Le long de ses rues piétonnes se succèdent une dizaine d’églises romanes, culminant avec la cathédrale aux coupoles byzantines. C’est aussi une ville très animée, avec ses théâtres et ses façades « art déco ».


Arrivés à Granja de Moreruela, changement de cap : nous bifurquons plein Ouest vers St Jacques de Compostelle, suivant ici l’itinéraire du « Chemin Sanabrais », le long de la frontière Nord avec le Portugal.


Avec la dernière portion du parcours : 'De Puebla de Sanabria à Santiago de Compostela' (13 jours), ce sera bientôt l’entrée en Galice, cette terre celtique riche de légendes. Ici les paysages se transforment totalement : nous sommes à présent dans un environnement vallonné, couvert d’épaisses forêts verdoyantes. Les villages sont faits de maisons montagnardes aux épais murs de granit. L’Andalousie est loin derrière nous ! Ce décor nous suivra jusqu’à l’arrivée à St Jacques, le but du pèlerinage. Entre temps il y aura de belles découvertes comme Puebla de Sanabria, magnifique bourgade avec son château et son centre médiéval préservé. Ou encore Oseira et son monastère monumental qui apparaît dans la forêt, au détour du Chemin.

Des rencontres fortes qui font la magie du chemin de Compostelle

Au-delà des paysages d’une grande variété et d’un patrimoine rare et exceptionnel, ce qui fait la richesse de ce parcours, c’est aussi bien sûr des rencontres authentiques avec les habitants : je repense à Jesus qui prit le temps de me faire visiter les remparts de Galisteo, ou encore Manuela à Calzada de Bejar, qui après s’être occupée de ses vaches en montagne, vient accueillir les pèlerins dans son village et leur cuisiner de bons plats revigorants. Ou bien Lorenzo qui me raconta comment ses parents fabriquaient le vin traditionnel dans les caves d’El Perdigon, puis durent arracher toutes leurs vignes à l’époque des grandes migrations organisées par Franco.

La Via de la Plata en liberté : pour des randonneurs en quête d'authenticité

Ce voyage s’adresse donc à tout randonneur désireux de parcourir un Chemin de Compostelle peu connu et moins fréquenté : il y croisera quelques pèlerins à pied, et surtout des cyclistes. L’itinéraire suit en grande partie la route nationale 630, qui correspond au tracé historique : on marche donc parfois sur le bitume, les variantes pour les randonneurs n’étant pas encore développées partout, mais aussi sur des pistes et sentiers. Par rapport aux autres chemins jacquaires, celui-ci s’adresse davantage à un randonneur averti : sur la partie andalouse, il faut être prêt à partir tôt, et avec de bonnes réserves d’eau car le parcours compte peu de fontaines.


Ensuite, le chemin suit des sentiers de montagne avec un peu de dénivelé.


Enfin il est conseillé pour des voyageurs prêts à s’adapter. Cet itinéraire étant encore faiblement fréquenté, les étapes offrent peu de choix d’hébergements, et leur diversité peut surprendre d’un soir à l’autre. Nous avons malgré cela fait en sorte de choisir des hébergements de bonne qualité, avec des chambres avec salle de bain privative en grande majorité, évitant les auberges ne proposant que de grands dortoirs. Et lorsque cela n’était pas possible, nous organisons des petits transferts en taxi vers un bon hébergement.
En Andalousie au début du parcours, les petits déjeuners servis sont parfois traditionnels, et diffèrent de nos habitudes : on pourra vous proposer des churros ou du pain avec de l’huile d’olive par exemple. Laissez-vous dépayser !

On peut parcourir la Via de la Plata de février à novembre

Pour les 3 premiers tronçons proposés, soit entre Séville et Salamanque, un départ est possible toute l’année de février à novembre, hormis l’été qui est vraiment à proscrire en raison de la chaleur. La période idéale va de mars à avril, le mois d’octobre est également très agréable.


Entre Salamanque et St Jacques, le climat change beaucoup et il est préférable de partir en mai, juin ou septembre.


En conclusion, il s’agit d’un itinéraire unique qui vous fera découvrir des paysages variés du Sud au Nord de l’Espagne. Les amoureux de culture découvriront toutes les facettes de l’histoire espagnole, l’occupation romaine, arabe, l’époque médiévale et un patrimoine religieux exceptionnel. Le tout avec des étapes de marche bien équilibrées et une organisation toujours sans faille (transport des bagages, transferts en taxi et choix des hébergements) : notre marque de fabrique ! Une grande aventure en toute sérénité.


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Un article de Céline Bruyas