Soirées projections & apéros voyageurs
Ce pays m’a accroché et adopté ou l’inverse, je ne sais pas ! (rires) Après, la religion me tient à cœur de part mon éducation mais je l’ai rejetée ado. Et puis quand je suis arrivé ici, je me suis aperçu que j’étais revenu sur ma position. Il faut savoir qu’ici en l’an 1000 il y a eu des bûchers, des hérésies, des dissidences par rapport à cette religion. Donc je me suis senti concerné par le côté dissident des cathares, car je suis un peu un révolté moi aussi par rapport à plein de choses, notamment par rapport à la religion.
Elle l’était entre l’an 1000 et le 13ème siècle. Pendant presque 300 ans, le catharisme a été la religion dominante et a fait sérieusement concurrence au catholicisme. Et ce, jusqu’à ce que Rome tape du poing sur la table et décide d’éradiquer ceux que le peuple pensait ne pas être dans le droit chemin. Et vu qu’ils venaient du nord et moi aussi, cette histoire m’a interpellé...
Disons qu’aujourd’hui c’est redevenu présent mais à travers le sentiment d’appartenance à l’Occitanie. Il y a un amalgame entre le catharisme et l’Occitanie, surtout à Montségur.
D’ailleurs, tu as entendu parler de Montségur ?
Alors Montségur c’est un peu le tournant de la croisade contre les cathares. C’est un bûcher qui a décimé le gratin du clergé cathare, à un moment où ils étaient persécutés par l’église déjà en place et l’inquisition. Parce qu’il faut savoir que l’inquisition a été inventée par les Catholiques pour la cause anti-cathare ; ce qu’on ignore souvent, on pense que c’est une invention espagnole.
De formation, non. Je le suis devenu un peu par la force des choses, je m’intéresse énormément au Moyen-Age notamment. Historien, pas de formation mais autodidacte, oui. C’est marrant, parce que quand je parle de tout cela aux gens, on demande toujours si j’ai fait des études d’histoires. Je réponds non mais que c’est une véritable passion chez moi.
Oui parce que rares sont ceux qui viennent sur ce sentier sans penser au sujet du catharisme, des cathares et des châteaux qui vont avec.
C’est un itinéraire qui va d’est en ouest, qui commence à Port la nouvelle dans l’Aude et qui se termine à Foix dans l’Ariège en passant un peu par les Pyrénées Orientales, mais le gros du sentier se situe dans le département de l’Aude. En général, on part pour 7 jours, on ne le fait pas en intégralité.
L’intégralité c’est 12 étapes normalement, mais on ne fait que les plus belles, les plus impressionnantes par rapport aux châteaux et à la diversité des paysages. Et l’une des grandes forces de ce sentier, c’est que l’on part de la Méditerranée, donc d’un climat doux et méditerranéen, et que l’on termine à plus de 1200m, autour de Montségur, où il y a une forte influence montagnarde et continentale. Donc, les paysages changent, le climat change et la flore aussi. Il y a un accent sur la diversité qui est très fort et tout en contraste. Je trouve ça assez génial aussi.
Non, c’est un niveau moyen. On peut dire que le Cathare et Collioure-Cadaquès sont presque du même niveau.
Je pense que ça vient du fait que le catharisme était une spiritualité initiatique méconnue et l’est encore, pour la bonne raison qu’on manque de source historique. Donc, je dirais que là où l’on ne sait pas grand-chose, on a tendance à inventer.
Comme dit le guide à Montségur : « c’est quand on en sait le moins qu’on en raconte le plus ». Et les cathares, il y a une sorte de mystère qui continue de planer autour d’eux ; parce qu'ils étaient des gens absolus. Comment dire...? Il y a une véritable soif d’absolu chez les cathares, c’est-à-dire qu’à chaque fois qu’on leur offrait la possibilité de choisir entre le fait de renier leur foi ou d’aller sur le bûcher, ils choisissaient le bûcher de manière systématique. La grande différence entre les gens du moyen âge et nous c’est que nous sommes très individualistes et aujourd’hui très matérialistes. Alors que ce qui intéressait d’abord les gens du moyen âge, c’était la survie de l’âme, le salut de l’âme ; plus que la survie au jour le jour ou trouver à manger pour le lendemain. Et donc il y a une espèce de concurrence qui s’est installée à cette époque pour savoir quelle religion garantira au mieux le salut de votre âme. Par contre grâce à l’inquisition, et c’est assez paradoxal, on a énormément de renseignements sur la vie quotidienne de ces gens. Ils ont passé au peigne fin des villages entiers, interrogé beaucoup de monde, ce qui fait qu’on a des renseignements très précis et que l’on sait aujourd’hui comment vivaient les cathares au quotidien. Ce sont des informations très précieuses car ça nous permet de voir, d’examiner et de coller à la peau de la vie quotidienne de ces gens. C’est un regard sur le passé qui nous interpelle au présent aussi.
Montségur, sans hésiter.
Oui. Autant c’est très pauvre au niveau de l’architecture, autant quand je raconte le siège de Montségur, ça dure une heure, moi j’ai les larmes aux yeux... C’est curieux parce qu’aujourd’hui je me sens vraiment concerné comme si j’avais vécu à cette période-là.
Et bien, je me pose la question ! J’ai longtemps cru que peut être, j’avais été un cathare et déjà un dissident à l’époque ; ou peut être au contraire, comme je suis né en Champagne, j’ai fait partie des croisés, des chevaliers pillards qui sont descendus du nord ? Et peut-être que si je fais ce que je fais aujourd’hui, c’est pour racheter des fautes que j’aurais commises, il y a 6 ou 700 ans... Mais je me pose sérieusement la question, oui. Parce qu’en plus les cathares croyaient en la réincarnation, contrairement aux Chrétiens classiques, on va dire.
Oui : «Si tu veux aller loin, vas y le plus lentement possible…» Par ailleurs il y a une autre chose dont je voudrais parler, c’est le phénomène des troubadours qui a eu lieu à la même époque et au même endroit. Et le fait que, à travers le Catharisme, dans le clergé cathare, grâce à l’amour courtois, la place des femmes était importante à cette époque. C’est un fait qui interpelle les femmes généralement. Elles faisaient partie du clergé cathare, alors qu’aujourd’hui il n’y a toujours pas de prêtre de sexe féminin dans nos églises...
Mais de rien, merci à toi !