Nous avions réalisé le "1er chapitre" l'an dernier, avec la formule "à petits pas" du Puy-en-Velay à Aumont Aubrac. Totalement satisfait de l'expérience que nous avions partagé dans un article du "Voyageur du mois" (https://www.labalaguere.com/le-mag/rencontres/renaud-son-recit-de-voyage-le-puy-en-velay-aumont-aubrac-petits-pas-sur-le-chemin) nous avons décidé cette de continuer l'aventure dans une formule plus classique (les étapes étant un peu plus longues).
Jour 1 - De Aumont - Aubrac à Nasbinals : De la Peyre et des Burons…. L’Aubrac, MAGNIFIQUE Aubrac, à perte de vue sous une chaleur étouffée par le vent constant du plateau et nous faisant oublier ce soleil caniculaire. L’étape la plus longue (26,5km) pour ce début du Camino « Chapitre 2 » (nous avons fait la 1ère partie Le Puy en Velay > Aumont Aubrac l’an dernier). Elle est passée si vite au gré des rencontres et des discussions. Le Chemin n’a pas changé et il nous avait manqué. Vivement demain !
Jour 2 - De Nasbinals à Saint-Chély-d’Aubrac : Après Nasbinals nous montons vers le point culminant du plateau. Nous oublions déjà nos courbatures et « petites » douleurs. Le chemin se dissipe à flanc de colline au milieu des champs, au milieu des vaches. Nous sentons cette particularité : nous sommes au coeur du plateau de l’Aubrac, comme seuls au monde. Le Camino n’est jamais pareil, il arrive toujours à nous émerveiller. Après l’étape du « Domaine du Sauvage », cette étape est sûrement ma « préférée ». Le vent nous guide et nous berce, à l’image du Milan Royal qui nous guette et nous suit tout au long du plateau. L’arrivée à Aubrac, village culminant à 1469m d’altitude, marque la fin du plateau. Nous enchainons par la douce, ombragée, mais rocailleuse descente vers Saint-Chely d’Aubrac. L’étape semble courte (17km) mais sa technicité lors de la descente nous impose un rythme tranquille et de la concentration.
Jour 3 - De Saint-Chély-d’Aubrac à Saint-Côme-d’Olt : A notre grand étonnement, le début de l’étape commence par une montée qui nous permet, après quelques centaines de mètres, d’apprécier une magnifique vue en surplomb de Saint-Chély-d’Aubrac. L’étape est étonnante, le paysage est clairement changeant, de belles forêts ombragées et les premiers châtaigniers. Nous traversons l’ancienne voie Romaine et quelques cours d’eau où nous flânons au gré des rencontres. Plus d’1h30 à discuter les pieds dans l’eau avec de nombreux randonneurs. Encore de belles rencontres sur le Camino… Il fallait au moins cela car les corps, aujourd’hui, nous rappellent l’exigence du chemin. La répétition des efforts se fait sentir et notre arrivée sur Saint-Côme-d’Olt, en le surplombant (de nouveau), sonne comme une petite victoire. Nous sommes heureux de retrouver des visages connus au gite étape.
Jour 4 - De Saint-Côme-d’Olt à Estaing : Dans mon imaginaire l’itinéraire du chemin de Saint Jacques suivait le Lot jusqu’au village d’Estaing. Une étape que je pensais plane, ombragée et proche du cours de la rivière. Il n’en fut rien et le chemin m’a rappelé la dernière partie d’une citation de Bouddha « Ne demeure pas dans le passé, ne rêve pas du futur, concentre ton esprit sur le moment présent. » C’est exactement cela. Je rêvais d’une étape qui n’existait pas et celle que j’ai vécu nous a paru difficile… une éternité. Un dénivelé positif cumulé de 550m, 17km annoncés mais plus de 23km parcourus, un « chemin de chèvre » tortueux, rocailleux, les douleurs musculaires et articulaires des km précédemment cumulés, une chaleur caniculaire (heureusement de nombreux points d’eau sont présents sur le Camino)… Une journée où il a fallu puiser intérieurement des ressources égarées, une force mentale au service du physique… Sur le chemin, c’est aussi ces moments là qui nous nourrissent. Demain, je n’attends rien de l’étape. Je la vivrai telle qu’elle me sera proposée et une chose est certaine, je repartirai la tête haute. A part cet « apprentissage », le chemin est magnifique notamment en début d’étape ou un point de vue domine Saint-Côme-d’Olt d’un côté et Espalion de l’autre. La traversée d’Espalion, très fréquentée ce jour car un concours international de pétanque s’y joue, nous groggy un peu car nous ne sommes plus habitués à voir tant de monde. Mais très vite nous retrouvons le chemin, les petits villages et la jolie ville d’Estaing en fin d’étape.
Jour 5 - D’Estaing à Golinhac : L’étape débute pendant 3 à 4km le long du Lot, à l’ombre…. Tiens ? Ce n’était finalement pas l’étape que j’imaginais hier ? :) Je repars donc revigoré après une nuit de repos au calme et un magnifique diner à Estaing. La Balaguère nous réserve à chaque fois de superbes gites ou hôtels permettant de bien récupérer. Le Camino s’élève ensuite vers Golinhac sur des routes « réservées » aux randonneurs, puis dans de jolis chemin entre champs et forêts. L’étape semble simple comparée à celle d’hier. Le chemins sont larges, et même si nous allons atteindre Golinhac et son point culminant à plus de 600m d’altitude, la pente est assez linéaire. Après une 15aine de km, l’arrivée sur Golinhac nous permet de dominer la vallée du Lot. Les points de vue sont superbes. Demain, déjà la dernière étape et l’arrivée sur Conques.
Jour 6 - De Golinhac à Conques : Dernière étape de ce Camino « Chapitre 2 ». Un brin de nostalgie. Nous croisons, dès le départ, André et Raymonde qui sont partis de Neufchâtel en Suisse. Déjà 700km…. Nous sommes en admiration face à eux et à la « force tranquille » d’André que l’on surnommait le « Pèlerin sage » avant de le connaitre. Nous l’avions croisé à plusieurs reprises comme Clotilde, Estelle, Sophie et Emilie, Pierre et Gaetan, les soeurs de Pantin, Arthur, Sébastien, Claire et Elisabeth les Belges, Jean-Claude, Julie, Baptiste, Yohan et Guillaume, Lucas et sa grand-mère Michelle de Gironde, les trois militaires au Gite Del Roumiou, Gaetan son propriétaire guide spirituel, Alicia… que de souvenirs des rencontres nous guident lors de cette dernière étape. La rude descende vers Conques, après 20km, Espeyrac et Senergues, nous rappelle que nous marchons depuis 6 jours. L’arrivée et la découverte de Conques, et de l’abbatiale romane Sainte Foy, classée patrimoine mondial par l’UNESCO nous ravit. Nous restons longtemps devant, contemplatifs, méditatifs et nous y recroissons Pierre et Gaetan. La boucle est bouclée. C’est toute la magie du chemin : la contemplation et les rencontres. Vivement la suite !