Pascal est un fidèle accompagnateur de La Balaguère. Il a su trouver rapidement sa place parmi le cercle très fermé des accompagnateurs catalans. Dans le registre élargi de ses connaissances, il a beaucoup réfléchi sur ce qui pousse l’humain à s’élancer sur les chemins à la seule force de ses petites jambes.
Vous saurez enfin pourquoi vous êtes là ! Il part souvent sur le circuit de randonnée emblématique 'de Collioure à Cadaquès', qu'il affectionne tout particulièrement. À ce titre, nous l'avons interviewé !
Bonjour Pascal, peux-tu nous parler de la rando de Collioure à Cadaques ?
Bien sûr, et avec grand plaisir ! J’apprécie particulièrement le circuit Collioure-Cadaquès. C’est une création emblématique de la Balaguère. D’ailleurs, entre accompagnateurs, on appelle cette randonnée 'Colcad'. C’est affectueux !
Pourquoi aimes-tu tant ce voyage ?
Le plus important à mes yeux est que sur 'Colcad', on ne marche pas bêtement.
Il y a tellement de choses à voir, à apprécier, à comprendre et à transmettre que l’accompagnateur ne doit pas se contenter de passer devant.
Pour un enfant du pays comme moi, c’est un itinéraire « naturel ». Il relie les plus beaux endroits de la côte catalane. Dès ma jeunesse, je parcourais et j’explorais ce coin. À l’époque, on partait la journée, on marchait, on se baignait et on rentrait à la maison. C’est la Balaguère qui a eu l’idée de rassembler tout ça pour en faire une belle semaine d’itinérance de Collioure à Cadaquès. Le ravissement est permanent !
Collioure-Cadaquès existe depuis 1996 : son succès ne s’est jamais démenti. D’après toi, pourquoi ?
Quand les gens sont contents, le bouche à oreille fonctionne à fond. Avec la randonnée Collioure - Cadaquès, c’est le cas.
Souvent, je laisse traîner des oreilles.
En premier lieu, les gens parlent de la variété, du mélange mer et montagne, des paysages, de la douceur du climat, de l’ambiance et plein d’autres choses comme la beauté des villages qui émaillent le chemin. Ils citent aussi le patrimoine, les peintres et la gastronomie bien sûr !
Il y a bien sûr Collioure à un bout et Cadaquès à l’autre. Nul besoin de les présenter. Mais n’oublions pas les petits ports comme Port de la Selva. Quand on arrive au retour des pêcheurs, on peut assister au déchargement des bateaux et à la criée. C’est super !
'Colcad' est la quintessence de la culture catalane. N’ayons pas peur des mots. Cette rando synthétise ce que le pays catalan offre de meilleur ! Il a certes la mer et la montagne, mais aussi la culture, le patrimoine, les artistes, le travail de la terre. C’est un « y a tout ».
Et on est tout le temps en Catalogne. Passé Port-Bou, le catalan est plus parlé que l’espagnol. Les gens sont toujours surpris ! C’est très dépaysant, et cela suscite bien des questions et des débats comme la demande d’indépendance de la Catalogne.
Et alors ?
J’ai mon opinion ! on ne peut pas en parler comme ça. Tu n’as qu’à venir faire la randonnée Collioure - Cadaques avec moi !
Comment sont les paysages catalans ?
Le plus sympa, ce sont les panoramas sur la mer. Le paysage peut changer plusieurs fois au cours de la même journée.
Dès qu’on quitte la mer, on monte sans transition dans la montagne. Il suffit de grimper un peu pour se gaver de belles images.
De la Massana, on voit Collioure et son littoral échancré de criques rocheuses. Plus loin, on devine le lido. C’est la longue côte sablonneuse du Roussillon. De la Madeloc, on voit du Cap de Creus à la plaine de l’Empordà.
J’aime bien la tour de Querroig. Il y a aussi les paysages façonnés par l’humain.
À Banyuls, ce qui étonne, ce sont les terrasses qui dévalent jusqu’à la mer en un vaste amphithéâtre. Ainsi, sur ce sol schisteux pourtant aride et peu fertile s’étend un vignoble de 1800 hectares pour les deux appellations d’origine contrôlée que sont le Banyuls et le Collioure.
Et côté faune, que rencontre-t-on pendant la rando ?
Parfois on tombe sur des « faginas ». Ce sont des petites vaches semis sauvages, adaptées au milieu. Comme ça, elles ont l’air placide et sympa, mais il faut faire attention !
Puis il y a aussi la tortue des Albères. Elles avaient quasiment disparu, mais suite à une mesure de sauvegarde en élevage par les espagnols, elles ont été sauvées de l’extinction. Elles sont rares, mais on peut en voir dans quelques mares que je connais !
Les visites sont-elles nombreuses durant cette randonnée ?
Sur le circuit Collioure - Cadaquès, il ne se passe pas un jour sans visites. Et variées en plus !
Pour ne citer que les principales : le château Royal de Collioure, la cave viticole de Banyuls ou la maison musée de Dali à Port Lligat, et puis le monastère de Sant Pere de Rodes, joyau de l’art roman.
C’est une belle récompense que d’y grimper. Pour les plus courageux, la montée au Castell de Sant Salvador de Verdera offre un panorama unique de la baie de Roses et sur la plaine de l’Empordà.
Pourquoi tous ces artistes sur Collioure Cadaqués ?
Certainement la pureté de la lumière, les bleus de la mer et du ciel. Tous disaient « faire chanter les couleurs ». À Collioure, on s’en rend compte, en parcourant le chemin du fauvisme. Des tableaux de Matisse et Derain sont exposés aux endroits où ils sont supposés avoir été peints.
Au Cap de Creus, la visite du site de l’ancien Club Med est un moment fort de la rando. Un moment « à haute intensité artistique ». Il ne reste plus rien des installations du Club Med. Pas le moindre bout de mur. Du coup on apprécie bien mieux les rochers qui ont inspiré Dali. Celui qui fait le plus sourire les clients, c’est le « Grand masturbateur ». Je ne te raconte pas les blagues et les regards en coin !
Dali est omniprésent, mais il n’y a pas que lui ! Banyuls est aussi le pays de Maillol. C’est un sculpteur contemporain de Rodin, et Banyulenc pur jus.
En flânant sur le port de Collioure, on circule entre les peintres amateurs.
Avec toile et pinceaux, ils tentent de se faire remarquer. Le meilleur côtoie le pire. Je rêve d’acheter une croûte qui prenne de la valeur plus tard ! Malheureusement, je n’ai pas les compétences pour repérer le talent.
La littérature n’est pas en reste. Le célèbre poète et journaliste républicain Antonio Machado est mort à Collioure en fuyant le franquisme. Sa tombe est toujours fleurie au cimetière de Collioure. Si certains veulent la voir, on y va.
Et le climat ?
Magique. D’un bout à l’autre de la randonnée, on baigne dans l’ambiance méditerranéenne.
La Méditerranée nous enveloppe de ses fragrances. Tout se mélange : lavande des maures, anis, thym, romarin, immortelles, calament. Le mot juste est pot-pourri.
J’ai entendu dire qu’il y avait des spécialités gastronomiques en Catalogne.
Le catalan a le sens de l’accueil et de la bonne bouffe.
Au fil des années, nos hôtes sont devenus des proches de la Balaguère. Ils sont contents de nous accueillir et sont aux petits soins pour nos randonneurs.
Ce qui plait, ce sont les plats à base de poisson. Sinon paella, crème catalane, sardines à la planxa, le tout arrosé d’un bon petit vin local. Les plus connus sont le Collioure et le Banyuls.
Ne pas oublier le « cava » le champagne catalan. Les gens ne connaissent pas. Au début tous ne jurent que par le champagne. Après ils changent d’avis ! En digestif, je fais goûter au « cremat ». C’est une spécialité catalane à base de rhum brûlé et de café.
Durant la randonnée de Collioure à Cadaquès, l’accompagnateur fait les pique-niques. Personnellement, je choisis des produits locaux, anchois, fuet (pas celui que vous croyez), tortillas, fruits et autres au hasard des arrivages. On n’est jamais mieux servi que par soi-même !
Collioure Cadaquès en petit groupe accompagné
Par Pascal Kistela
Accompagnateur en montagne