Soirées projections & apéros voyageurs
J'habite au sud de Bordeaux, j'ai 54 ans, et je suis attiré par les grands espaces, plus que par les villes (mon enfance à la campagne sans doute !). Mes parents m'ont transmis le virus des voyages, et cette « maladie »me pousse sur les sentiers, seul, en famille, avec des amis ou avec des groupes. J'apprécie particulièrement le partage des impressions et des émotions avec les autres, et pourtant j'aime marcher dans le silence ! Et quand je ne marche pas, j'enseigne, et je fais du kayak, autre activité sportive.
Ce « Réveillon au cœur de la forêt enneigée dans le Val d'Azun » m'avait été proposé par des randonneurs avec qui j'avais eu le plaisir de partager l'année dernière le « réveillon dans l'intimité du Cirque de Gavarnie », et que j'ai revus depuis sur les sentiers au-dessus d'Arrens-Marsous.
Je conseille cette randonnée à celles et ceux qui peuvent à la fois marcher avec des raquettes, mais aussi avec de bonnes chaussures s'il n'y a pas de neige. Et qui sont disposé.es à passer de très bons moments !
Je reconnais des têtes devant la gare de Lourdes. Ce n'est pas une surprise, il s'agit de 7 randonneurs que j'ai eu le bonheur de rencontrer l'année dernière lors d'un autre réveillon la Balaguère, et de revoir en juin pour certains. Nous avions décidé de nous retrouver à nouveau en montagne pour fêter la fin de l'année, manière d'allier plaisirs de la table et plaisir de la marche. Nous découvrons les autres membres du groupe, et l'entente est presque immédiate.
C'est un très bon début ! Nous venons de Gironde, du Lot-et-Garonne, du Pays basque, d'Occitanie, de la région parisienne..., tous réunis par le goût des voyages et de la randonnée.
Mais un grand gaillard s'avance, c'est Olivier, notre accompagnateur, avec son accent chantant du sud-ouest. Les présentations faites (il y aura interrogation pour les prénoms !) nous voilà déjà à pied d'œuvre, 30 minutes plus tard, dans le village d'Arcizans, au cœur du val d'Azun. Petit village pyrénéen, avec ses moulins à eau aux grosses pierres, ses solides fermes et leurs fenils à l'étage. Olivier nous rappelle que les glaciers qui ont modelé les vallées pyrénéennes ont laissé des traces, telles ces gros blocs de granite incongrus sur des terres calcaires, et qui étaient l'objet de rites dans un passé pas si lointain.
Et puis la montée se déroule, tranquillement mais sûrement, à travers la hêtraie-sapinière, jusqu'au col de Liar. Le pique-nique à base de produits locaux (dont les délicieux fromages et tourtes aux myrtilles) nous donne de l'énergie pour affronter la suite du chemin. D'ailleurs sur les chemins, nous parlons de... chemins. Julie force l'admiration et l'envie quand elle partage son expérience du chemin de Compostelle. Mais voici déjà le refuge du Haugarou, où nous sommes accueillis par Vanessa et Mathieu, un vin chaud, le chat Dany, et un groupe de craquants chiots qui gambadent dans le jardin. Le refuge est impeccablement tenu, refait à neuf il y a peu, très confortable. Le repas est délicieux, qui fait la part belle aux recettes pyrénéennes (ah, la garbure !) et aux vins (presque) locaux (délicieux Jurançon !). Quelques jeux, beaucoup de rires, et c'est heureux et repus que nous rejoignons les dortoirs.
Le lendemain, nous faisons chauffer les chaussures jusqu'au col de Bazès, du nom de ce pic qui domine le refuge, et sur lequel j'avais eu l'occasion de monter en juin. Les majestueux Gabizos et Balaïtous ne sont pas loin. Ils portent encore le manteau blanc de novembre, alors que nous marchons sur des sentiers vierges de toute neige (mais je l'avoue, je préfère !). Les vues sont bien sûr extraordinaires (les mots manquent vite pour les décrire, ça se ressent plus que cela se dit), le silence est riche du vent dans les herbes jaunes, des insectes qui folâtrent, étonnés d'être dehors un 30 décembre. Je reconnais par la cabane en bois branlante les pistes de ski de fond et de raquette que j'avais arpentées il y a 10 ans. Le paysage est beau avec ou sans neige. Le retour au refuge nous ramène sous le Bazès, à travers la forêt silencieuse. Plus silencieuse que le groupe, qui sent déjà les bonnes odeurs du repas qui nous attend !
Dernier jour de l'année, dernière randonnée, promesse de découvertes. Nous montons au col de Spandelles, à 1378 m. Un panneau rappelle le passage du Tour de France en 2022. Quel courage ! Olivier nous propose de partir sur les sentiers par le col d'Ansan, pour gravir le Soum de Granquet. La montée est raisonnablement raide, et nous envions les isards qui gambadent un peu plus bas. Au-dessus de nous, l'un d'entre eux se détache sur le ciel bleu, posté sur un rocher avec toute la noblesse de ces superbes animaux. C'est un encouragement à continuer d'avancer. La récompense nous attend plus haut : un panorama assez incroyable sur la haute chaîne pyrénéenne et le piémont. Au loin Tarbes se détache sur la plaine, tandis que le pic du Midi de Bigorre brille sous le soleil. Olivier, inspiré par le lieu, chante avec ferveur en basque et en occitan. Chants d'amour à cette terre âpre et si attachante. Sur les crêtes nous progressons prudemment, grisés par cette sensation d'être sur un entre-deux, entre ce petit cirque glaciaire sur notre gauche et ces sommets qui s'élèvent si vite côté français.
La descente est belle, le soleil descend lui aussi, et les couleurs sont fauves.
C'est le cœur léger que nous abordons ce réveillon. Et nous ne sommes pas déçus : Cava, Jurançon, foie gras, truite fumée des Pyrénées, sauté de dindes aux champignons des bois... Et Mathieu, notre hôte, devient le plus joueur des DJs. Sans nous en rendre compte nous sommes en 2023. Et parmi les résolutions, la promesse de nous revoir sur les sentiers !
Continuer la découverte des îles volcaniques de l'Atlantique. La Palma proposée par la Balaguère me tente beaucoup. Et Sao Tomé. Et la Namibie, le Pérou, le Japon (je rêve de ses montagnes, de ses onsens). Je ne connais pas l'hémisphère sud, et l'Asie s'est arrêtée pour moi à Oman. Tant à découvrir !
Réveillon au cœur de la forêt enneigée dans le Val d'Azun