Maïtena, voyageuse de retour d'Iran | La Balaguère

© FOTOLIA / javarman / Konstantin Kalishko

Bonjour Maïtena ! Tu reviens de notre randonnée 'Montagnes légendaires et villes éternelles de Perse' en Iran, peux-tu te présenter ?

À la retraite depuis quelques années, bien décidée à profiter de tout ce temps qui m’est offert et de mon énergie (presque) intacte je privilégie tout ce que j’aime : lecture, cinéma, théâtre, randonnées en montagne et voyages.


Voyager, c’est important. Peut-être parce que j’étais professeur de langue, j’aime découvrir des paysages, des cultures différentes, d’autres façons de voir et de penser le monde, j’aime entendre la musique de langues inconnues. Quand on voyage, notre perception se fait plus aigüe, parfums, couleurs, saveurs titillent les sens et surtout, on observe, on s’ouvre aux autres, on respecte les différences, on apprend la tolérance.

Pourquoi as-tu choisi ce voyage en Iran ? A qui le conseillerais-tu ?

Pourquoi l’Iran ? Pour les personnes de ma génération, l’Iran, ça a d’abord été la vie sur papier glacé du Shah, les fastes de son couronnement, puis cet Imam auquel les journalistes tendaient leur micro à Neauphle de Château, l’espoir de la chute du régime des Pahlavi, et ensuite la Révolution Islamique, le voile, le tchador, les emprisonnements, les exécutions, la charia : l’incompréhension, l’obscurantisme.


Depuis des années, je cours voir les films iraniens qui sortent en France car le cinéma permet de deviner la réalité d’un pays et les préoccupations de ses habitants, mais jamais je n’imaginais qu’un jour j’irais à Téhéran, Persépolis, que je roulerais dans les paysages qui m’ont tant fascinée dans les films de Kiarostami. Shiraz et Ispahan avaient pour moi des sonorités de conte des Mille et une nuits.


Alors, quand l’Iran s’est ouvert aux touristes, que des voyagistes ont commencé à organiser des séjours, j’ai guetté le site de La Balaguère, déterminée à partir dès que possible dans un pays où le tourisme est balbutiant, les gens probablement soulagés par cet appel d’air que signifie l’ouverture des frontières. Et je n’ai pas été déçue !


L’Iran est un merveilleux pays pour tous les amoureux de l’art islamique. Vous serez éblouis par l’art de la mosaïque et de la céramique : teintes d’aquarelle de la mosquée Nasir-al Mok à Shiraz, douceur crème de la coupole de celle du Sheikh Lotfollâh à Ispahan, raffinement de la décoration du moindre monument… Ajoutez les surprenantes mosaïques en éclats de miroir des palais et maisons patriciennes, la fraicheur des jardins persans et, bien entendu, les colonnes élancées et les imposants bas-reliefs de Persépolis, témoins de la grandeur de l’Empire perse.

Pour le touriste qui aime rencontrer les habitants des contrées qu’il traverse, l’Iran est un pays incroyable. Les Iraniens aiment par-dessus tout installer leur tapis dans le moindre espace vert, ils bavardent entre amis, pique-niquent, font la sieste et voilà le touriste qui passe à proximité hélé, salué, invité à poser pour la photo de famille… S’ils sont heureux de l’ouverture de leur pays, fiers de leur culture, les Iraniens sont amers de l’image qui en est donnée en Occident.


Et effectivement, l’Iran n’est pas ce qu’on se représente (même s’il faut garder dans un coin de son esprit la peine de mort lourdement appliquée et la liberté individuelle très surveillée par le régime des mollahs). C’est un pays très moderne, à la jeunesse éduquée, entreprenante, connectée. Les Iraniens sont ouverts, enjoués. Les femmes, loin d’être cloîtrées chez elles comme on pourrait l’imaginer, étudient, travaillent, conduisent leur voiture, sortent, seules ou avec des copines, et le plus souvent ce sont elles qui abordent les touristes ! Car la femme iranienne est une résistante qui gagne sa liberté, centimètre par centimètre, foulard le plus en arrière possible, rouge à lèvres éclatant, pantalon moulant sous la tunique, même si le tchador est porté, en majorité, dans les villes de province.


La religion ? Oui, elle est présente, évidemment, mais plus en retrait qu’on ne le penserait : appels à la prière discrets, la vie est bien loin de s’arrêter à ce moment-là ! Bien entendu, Qom est noir de tchadors et les mollahs nombreux mais, allez donc à Lourdes…


Si vous êtes curieux, ouverts sur d’autres cultures, si vous aimez les pays riches de contrastes, si vous n’avez pas d’idées préconçues ou si vous êtes prêts à les voir battues en brèche, bref, si vous êtes un habitué de la Balaguère, courez en Iran avant que les touristes ne l’envahissent…

Raconte-nous tes meilleurs moments et souvenirs de cette randonnée...

Nous étions un groupe de onze personnes, tous très habitués à voyager.  Notre guide Asal, jeune femme compétente, enthousiaste et d’une attention sans faille a enchanté notre séjour par sa gentillesse et son sourire.


Nous avons commencé par Téhéran, ville immense qui bute sur le massif de l’Elbourz. Avenues et rues bordées d’arbres, circulation chaotique, embouteillages inextricables, klaxons mais aussi palais et musées qui font une excellente introduction à ce qu’on admirera plus tard.
Trois jours en montagne.

L’Alborz, un massif aride, érodé, minéral. La première montée est rude au plus fort de la chaleur, sur un sentier qui s’effrite, mais lorsque le guide nous montre la trace d’une patte d’ours, bien nette, puis deux autres encore, toute fatigue est oubliée ! Oui, on est bien « ailleurs » dans une montagne encore sauvage. À partir du col, le paysage s’ouvre, les sommets, 4000 et plus, s’élèvent, nets dans le ciel parfaitement bleu. Nous arrivons au village, oasis annoncée par des frondaisons d’un vert intense et là, dans la bonne humeur, l’équipe « cuisine-tentes » nous attend pour savourer thé, petits gâteaux et pastèque.

Le jour suivant, la rando sera belle, dans des paysages variés, face à de profondes vallées où on devine des traces d’habitations et c’est à regret qu’après une descente de village en village, le troisième jour, nous retrouvons la civilisation et le petit bus.

Le circuit culturel commence alors et nous allons d’émerveillement en émerveillement : Shiraz, Persépolis, Yazd, ses maisons en pisé, ses tours de vent qui font oublier la brûlure du désert et enfin Ispahan. Mosquées, palais, jardins persans, nous y savourons chaque instant, chaque visite. Sans oublier, dans l’ancien caravansérail, la « pause goûter de luxe » avec la délicieuse glace au safran, onctueuse à souhait, offerte par Asal.


Retour à Téhéran, en passant par Kashan : la dernière fraîcheur d’un jardin persan, les ultimes miroitements d’une maison patricienne. Arrêt à Qom pour visiter un immense mausolée envahi de familles de pèlerins qui se recueillent, mais aussi pique-niquent, dorment, bavardent. Tchador obligatoire.


La veille du départ, nous la passerons à Téhéran, dans le quartier de Darband où, le vendredi, il est de coutume de randonner puis se restaurer, le long de la rivière, assis-allongé, dans les takht, grandes banquettes couvertes de tapis et de coussins, près des cascades. On bavarde, on fume le narghilé, le foulard glisse, les jeunes couples se tiennent par la main.


Je pourrais aussi parler de la famille qui nous a accueillis à Zarabad, de leur gentillesse, des sourires échangés, de l’émotion lorsque nous avons quitté ces femmes qui nous avaient préparé un véritable festin, merveilleuse initiation à la cuisine iranienne.


Instant précieux aussi lorsque, à côté du tombeau de Hafez, le grand poète iranien, Asal nous a lu un de ses poèmes préférés, en fârsi pour que nous entendions la musique de la langue, puis en français.


Aucune des femmes du groupe n’oubliera le bain dans la mer Caspienne, expérience fort intéressante de l’enrageante inégalité entre les hommes et les femmes…


Nous garderons le souvenir ému des restaurants que Asal nous a fait découvrir. Celui d’Ispahan où, alors que nous arrivions hébétés de fatigue après une longue route, nous nous sommes tout à coup trouvés sous les voutes d’un ancien hammam, richement décoré de mosaïques et où nous avons dégusté un repas subtil tout en écoutant un ensemble de musique traditionnelle. En Iran, c’est comme ça, le luxe et le raffinement sont là, prêts à vous éblouir.

Pour toi, La Balaguère, c'est...

Mon mari et moi, nous aimons beaucoup la Balaguère, car il y a un « esprit La Balaguère ». Pas de compétition lors des randonnées mais partage, aide mutuelle, pas de râleurs, tout le monde s’adapte aux conditions parfois sommaires. Et surtout, nous avons toujours trouvé des compagnons de voyages ouverts, curieux et surtout respectueux des personnes rencontrées. C’est ça, l’ADN La Balaguère !


Nous apprécions beaucoup les séjours alliant marche et culture. La première permet d’approcher des contrées reculées et d’y entrevoir la réalité de la vie du pays.


Nous avons toujours eu des guides cultivés, compétents, amoureux de leur pays et désireux de nous le faire découvrir et aimer, des guides avec lesquels on souhaiterait garder contact pour leur présenter notre région aussi bien qu’ils l’ont fait pour nous.

Et votre prochain voyage ?

Prochaine destination ? J’ai très envie de plateaux éthiopiens mais la Mongolie m’attire aussi, le Népal, l’Islande.


Mon rêve ? Retourner dans le Sud algérien, mais ça…


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