Palma, randonneuse de retour de notre circuit Hierro, la Sauvage aux îles Canaries | La Balaguère

© Mélanie Costa

Bonjour Palma, tu reviens de notre voyage à Hierro. Peux-tu te présenter ?

Je suis une femme, un quidam, qui aime avoir la tête dans les nuages et les pieds qui touchent bien la Terre. Mes yeux sont avides de beaux paysages, d’horizons pas toujours lointains. Je suis heureuse quand tous les matins, prenant mon manteau je salue mon sac à dos (posé juste à côté, jamais remisé) et lui promets que c’est lui que je mettrai sur le dos, demain… Demain n’est jamais loin car déconfinés je peux m’évader. Je marche depuis que je sais mettre un pied devant l’autre et je marche pour mettre mes pas dans les pas des autres, pour cheminer avec d’autres.


J’aime les longues et parfois difficiles marches. La montagne est en moi, elle m’est nécessaire pour aller bien, pour être heureuse. Elle m’apaise.


Chez nous, en Corse, elle est partout ,majestueuse, exigeante, si différente d’un jour à l’autre de mes escapades ; elle plonge dans la Mare Nostrum pour mieux s’élever au détour d’un sommet ; elle offre un névé et de sacrés dénivelés. J'ai appris avec mes amis des Hautes-Pyrénées à aimer leurs Pyrénées, leur montagne sacrée, les lacs en enfilades, les orages, les refuges, les isards et user les souliers pour aller là-bas, regarde au bout de mon doigt, quand tu auras passé ces rochers et que tu seras descendue pour mieux remonter…


Marcher rend humble, rien n’est gagné d’avance, il faut accepter, renoncer, faire un détour, ne pas insister, évaluer, se mesurer et se sentir tout petit devant le défi. S’endormir heureux. Marcher vide la tête et la remplit d’émotions, d’odeurs, de couleurs, de rires et de belles rencontres. Voilà pourquoi, je marche et je marcherai tant que mes jambes ne seront pas rouillées. La gestion de la crise sanitaire quotidiennement m’épuise et m’a épuisée psychiquement ; marcher m’a requinquée : même pas fatiguée, en fin de journée, juste épuisée et pour ça, jamais je ne renoncerai.


Alors vous nous suivez ? car je ne marche pas seule : A deux nous cheminons dans la vie et vers les beaux sentiers qui mènent à la sérénité et au bonheur de partager.

Pourquoi avoir choisi cette randonnée aux Canaries ? A qui la conseillerais-tu ?

J’ai choisi ce voyage car il est à deux pas, et au bout du monde à la fois. Si petit ilot qu’il n’y a pas de badauds, que des curieux de (la) nature et des forêts primaires. Des amoureux des grands espaces et des photographes chasseurs de moments fugaces. Parce que l’on peut s’y baigner en hiver quand 4h avant j’étais arrivée emmitouflée de mon sud ensoleillé. Parce que la nature se déchaine et qu’elle sculpte des arbres comme je n’en avais pas encore vus ; des magnifiques genévriers torturés. Parce que les chemins sont peu balisés et que le sentier faut le trouver. Parce qu’El Hierro sent bon le courage de son peuple, l’habiter se mérite. La lave est ci et là, jetée, et rend les paysages époustouflants. Parce que pas de foule, pas de troupeaux humains, des vaches et quelques brebis. Parce que son nom sonnait comme une promesse de dépaysement et que dans l’océan comme un grand, il nous invitait à franchir le pas, d’aller là-bas.


Voyage à conseiller à ceux qui savent se chausser (2 chaussures) et marcher. Aux curieux et amoureux des oeuvres nature-elles.

Raconte-nous vos meilleurs moments et souvenirs de ce voyage...

Le circuit était couru d’avance et la mécanique bien rodée. On arrive, tout est planifié. ça c’était sur le papier. Mais c’était sans compter sur la fée du Logis, Madame F. la Mélusine des lieux (Mélusine signifie « merveille » ou « brouillard de la mer » dans la mythologie).


Un seul mot d’ordre nous fut donner : lâchez prise, oubliez les problèmes, le boulot c’est pour après ! Profitez, regardez, humez, retournez-vous, vous alliez louper… et là avez-vous admiré ? On prend la pause, on se fait photographier, on s’arrête on disserte, on refait notre monde pour mieux y retourner et on comprend ceux qui l’ont lâché.


La semaine fut joyeuse, marcheuse, gouteuse, rieuse, sympathique, dynamique. Bien nourris, bien logés, sacs légers nous avons cheminé avec des co-pains, des amis de passage mais généreux et attentionnés.


Oui nous avons bien marché et appris à aimer ces lieux, ces pierres, ces mousses, ces lichens, ces oiseaux, ces enclos, ces collines bariolées, ces montagnes noires et arides voire pelées, ces bois magiques, ces arbres enguirlandés, ce brouillard, la pluie du matin jamais chagrin car l’après-midi , soleil au planning et trempette assurée. D’un jour à l’autre nous nous sommes émerveillés, avons été surpris par cette nature rebelle qui renait à chaque rosée encore plus verte plus tendre, bien accrochée aux rochers de lave et autres aspérités.

Tous les jours furent une belle découverte.
El Hierro nous est apparu au second jour, car le premier c’est le parc du Teïde qui nous a accueillis. Magique, fier sous un ciel bleu. Un regret ne pas l’avoir côtoyé de plus près mais la période l’interdit.


Le Garoé, les bimbaches, la sabina, las Mudadas, el pinar (qui n’en est pas, du pinard),  camino de la Virgen, piscines d’eau de mer dans la lave…..en point de mire, les autres îles, la Palma enfin apaisée mais si durement touchée, panache de fumée visible à l'horizon, la Gomera, Tenerife : autant d’invitations à découvrir ces lieux voisins mais uniques et si dissemblables pour qui les a foulés.


Nous étions accompagnés de Monsieur et Madame chaussures (chacun à son tour a perdu une semelle). Mais personne n’a abandonné : au diable les menues blessures, les sacs poubelle en guise de cape de pluie ; les filles de l’air pour nous grimer ;  nous nous sommes bien amusés.


Une seconde petite fée Mademoiselle M traduisait, veillait avec une douceur bienfaitrice et un sourire radieux : elle venait de la Balaguère et y retournait pour d’autres voyages à préparer. Si vous la croisez, elle se nomme Joyeuse vous la reconnaitrez…

Pour toi, La Balaguère, c'est...

Pour moi La Balaguère c’est 'mon all inclusive à moi' des itinéraires recherchés loin des sentiers battus, des guides passionnés , des « je m’occupe de tout, toi tu profites et tu découvres et tu n’oublies pas de marcher», des surprises au coin du chemin qui tourne, des paysages époustouflants (ou pas), des documents juste à imprimer, une question-une solution, un sourire à l’arrivée, ne rien préparer juste rêver le voyage et se laisser guider.

Et ta prochaine randonnée ?

Où irai-je demain ? dieu seul le sait… mais j’irai, je marcherai c’est sûr, je grimperai et redescendrai, j’irai ici et retournerai là… mais ça, c’est après. En attendant, je lis, j’écoute elle et lui qui en reviennent et celui qui a vu celle qui y est allée et alors piquée par la curiosité, je réserverai… une autre belle épopée avec 3 souliers ce sont mes préférées.

Hierro, la sauvage

Toutes nos randonnées aux Canaries


Voir aussi notre randonnée : Hierro en liberté


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