Saint-Jacques de Compostelle : une aventure humaine ! | La Balaguère

© Kévin Lagarde

Kevin, notre créateur de voyages, est parti en randonnée en liberté (en formule gite) sur la Voie du Puy, du Puy en Velay jusqu’à Conques...


Avec les différents retours d’expérience que je lisais et entendais à propos du Chemin de Compostelle, j’avais depuis un petit moment en tête le fait de découvrir tout cela par moi-même. J’ai donc pris mon sac à dos, mes chaussures de marche, et me voilà parti pour le Puy en Velay, mi-avril.

Le départ de l'emblématique Voie du Puy : Le-Puy-en-Velay

Sur place, le séjour commençait avant tout par l’achat de la fameuse crédential. Celle-ci peut se trouver dans différents commerces de la ville, mais également directement à la Cathédrale.

Le lendemain matin, sur les conseils de différentes personnes avec qui j’avais échangé le premier soir, je me suis rendu à 7h à la messe et bénédiction des pèlerins, dans la cathédrale du Puy. Moment d’introduction au Chemin, symboliquement fort, nous étions plus d’une cinquantaine de pèlerins présents. Une petite « surprise » vous attend à la fin de la cérémonie, je ne vous en dis pas plus, mais vous recommande fortement de commencer votre pèlerinage par cette incontournable parenthèse !!

Et puis… C’est parti, direction Saint-Privat d’Allier pour cette première étape !

Au bout d’environ 3 minutes de marche (sans exagération aucune), je ne suis déjà plus tout seul !


Je rencontre Damien, père de famille vivant à Versailles, et Anne, venue d’Allemagne, tous deux étant également partis seuls, avec leur sac à dos !


Nous passons cette première journée ensemble, et décidons d’emprunter la variante de Bains. Le vent soufflait trèèès fort ce jour-là, nos bâtons de marche dansaient au rythme du vent (et pas forcément de manière contrôlée de notre part…..). À Bains, nous avons retrouvé un habitant du coin croisé au départ du Puy, qui nous a très gentiment et bénévolement fait une petite visite guidée de l’église (et à ce moment-là, on a commencé à se dire « on ne voit ça nulle part ailleurs que sur Compostelle »). Une pause pique-nique dans le hameau de Fay, avec ses impressionnantes bâtisses en pierre, avant de reprendre le cheminement à travers une forêt de résineux, et redescendre jusqu’à Saint-Privat d’Allier.


'La soirée se déroule merveilleusement bien, les échanges vont bon train, je fais la connaissance de personnes d’un peu partout en France.'

Mais pas que (ce soir-là, j’ai notamment sympathisé avec plusieurs personnes allemandes et néerlandaises), quasiment toutes venues comme moi, toutes seules, avec leur sac à dos.

Jour 3 : destination Saugues !

Le lendemain, après avoir démarré seul, j’ai très vite rencontré de nouveaux compagnons de Chemin ! Au bout de quelques minutes, on rejoint la jolie tour de Rochegude, dominant fièrement la vallée de l’Allier.


Puis, descente vers Monistrol d’Allier, avant une belle montée qui laissera quelques gouttes de sueur chez certains, pour regagner le territoire du Gévaudan. Une douce halte café « Chez Josie », et une splendide arrivée à Saugues nous attend, avec de magnifiques sculptures en bois dont l’une représentant la fameuse Bête du Gévaudan, sujet de nombreuses histoires et légendes dans Saugues et ses environs, au XVIIIè siècle !

Une superbe soirée dans ce joli village (chez des hôtes à l’incroyable gentillesse !), après avoir bu la traditionnelle bière d’après randonnée, chez un Pyrénéen d’origine, de quoi lui parler « du pays » :D.

Jour 4 de Saugues jusqu'à Faux, l'une des plus belles étapes !

Dès la sortie de l’hébergement, je retombe sur des pèlerins avec qui j’ai partagé un bout de Chemin les deux derniers jours, nous redémarrons donc ensemble cette journée, qui nous fait franchir l’un des points les plus hauts de la Voie du Puy, le col de l’Hospitalet, et ses 1304m d’altitude.


'Cette journée a été, pour moi, l’une des plus belles de ce séjour, si belle que j’en ai oublié le balisage, et ai fait faire un détour de 2 ou 3 kilomètres à quelques personnes qui me suivaient (mais chut, pas un mot !!).'

Cette étape est notamment marquée par le passage dans l’extraordinaire domaine du Sauvage, dans lequel se trouve le gîte homonyme, halte du soir pour beaucoup de pèlerins. Ce domaine est d’une grande richesse en termes de biodiversité, et fait office de petit coin de paradis, semblant si loin de l’air de la ville, quel bonheur !

Quelques kilomètres encore me séparaient de mon hébergement du soir, aux Faux, l’Oustal de Parent, splendide bâtiment en pierre, pour une soirée des plus conviviales avec mes nouveaux amis !

Jour 5 : Vers Aumont-Aubrac à travers des paysages variés

Le jour qui suit, jusqu’à Aumont-Aubrac, témoigne une nouvelle fois d’une grande diversité dans les paysages, par rapport à ceux rencontrés jusqu’à présent.


'Chaque étape est source d’émerveillement pour les pupilles, et nous voit lâcher inconsciemment des « Waw », « Wow », « Waaaaaah », et tant d’autres qualificatifs spontanés !!'

La halte à Aumont-Aubrac marque l’introduction au plateau de l’Aubrac, territoire redouté par beaucoup, de par la météo aléatoire, et les conditions qui peuvent parfois être rudes ! Que nenni ici, le beau temps a toujours été de la partie durant mon séjour, pas une goutte de pluie à l’horizon !

Jour 6 : Le plateau de l'Aubrac, un moment hors du temps jusqu'à Nasbinals

Le lendemain, donc, l’Aubrac nous attend, avec ses vastes étendues herbeuses à perte de vue, ses tourbières que l’on franchit grâce à de petits pontons en bois, et ses formations rocailleuses dissimulées ci et là. Sans les troupeaux en estive (qui arrivent plus tard dans l’année, les jours de très mauvais temps n’étant pas encore forcément terminés !), le plateau fait véritablement office de désert, la vie semblant quasi inexistante.


'Un moment hors du temps, dans cet environnement incroyable !'

Vint alors l’arrivée à Nasbinals, village étape incontournable, en plein cœur de l’Aubrac. Nous savions qu’après cette étape, les découpages des journées seraient différents selon les personnes, plusieurs alternatives de distance s’offraient, selon la volonté de faire de grosses journées de marche, ou plus douces. C’était donc l’occasion de se retrouver (avec le groupe « restreint » de pèlerins avec qui nous avions partagé des moments de marche et/ou des soirées les jours précédents, tous ayant démarré le Chemin seul, par ailleurs) pour partager ensemble un verre, et d’immortaliser ce moment !

Jour 7 : Nasbinals à Saint-Chély-d'Aubrac, charmant village

Après une nouvelle fois une superbe soirée riche en échanges et en positivité, départ sous le soleil matinal de l’Aubrac pour une splendide portion de 17kms entre Nasbinals et Saint-Chély d’Aubrac, classée au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, rien que ça. Comme la veille, l’immensité de ces paysages s’étendait à perte de vue, le tout en cheminant sur des drailles (sentes historiques de transhumance) le long de petits murets en pierre, que l’on retrouve un peu partout sur le plateau. Avant d’arriver au village d’Aubrac, se franchit d’ailleurs le point culminant du Chemin, à 1368m d’altitude (à part l’étape Pyrénéenne jusqu’à Roncevaux). Village d’Aubrac au charme prononcé et au riche patrimoine, initialement refuge pour les pèlerins ayant franchi le périlleux plateau ! Notre traversée ne fut en rien périlleuse ni compliquée grâce à l’exceptionnelle météo, mais la pause-café au soleil n’en fut pas moins appréciée, face aux magnifiques paysages avoisinants. :D


'Puis, vint le temps de la descente jusqu’’à Saint Chély d’Aubrac, situé 500m plus bas. En l’espace de quelques minutes, les paysages se transforment.'

De ce désert « hostile », rude, aux prairies d’herbes à perte de vue, l’on passe à un paysage beaucoup plus bucolique, en sous-bois, à la végétation luxuriante, aux parterres de fleurs multicolores, le long de ravissants courts d’eau. Un splendide cheminement qui nous conduit jusqu’à Saint-Chély, ravissant petit village blotti dans sa vallée.

Jour 8 : une longue descente pour St Côme d’Olt à l'église remarquable

Après avoir franchi le pont des pèlerins, à la sortie du village, le Chemin traverse une belle forêt de hêtres, et quitte progressivement l’Aubrac, franchi avec succès, et sous un soleil toujours aussi présent !!


'Une longue et belle descente nous attend, avec mes 2 camarades de Chemin du jour, Camille, jeune Parisienne, et Christian, également jeune, Munichois cette fois.'

Mais, le jeu en vaut la chandelle. Après quelques heures de marche, nous voilà aux portes de St Côme d’Olt, pour passer la soirée au Couvent de Malet, splendide bâtisse et havre de paix, pour une étape pleine de douceur, et un repos bien mérité !

Avant d’entamer la randonnée du lendemain, j’ai profité d’un petit moment pour flâner dans le joli village de St-Côme d’Olt, classé parmi les « plus beaux villages de France », et son église au clocher flammé remarquable.

Jour 9 vers Estaing : une succession de villages à l'extraordinaire patrimoine

Cette fois, le contraste avec l’ambiance et les paysages précédemment rencontrés étaient saisissant. Cette journée fait un petit peu pour moi office de « retour à la civilisation ». En effet, après plusieurs jours passés plus haut en altitude, nous sommes désormais dans la Vallée du Lot, avec des villages plus importants, et plus fréquentés (mais des paysages tout aussi magnifiques !!). Aux admirables étendues sauvages avec une densité d’habitants assez faible, se succèdent désormais de superbes villages, à l’extraordinaire patrimoine. À commencer par la magnifique église romane de Perse, en grès rose, que l’on rencontre juste avant d’arriver à Espalion, en suivant le Lot.


'Cette partie est également classée au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO sur 17kms, et, très honnêtement, je comprends pourquoi !!'

Nous quittons ensuite les rives pendant quelques kilomètres, en traversant notamment Saint-Pierre de Béssuejouls et son église avec son étonnante « chapelle aérienne » puis le hameau de Verrières, dont l’architecture et le charme nous immergent pour quelques minutes dans un décor de film, somptueux !

Le Lot redevient notre voisin juste avant d’arriver dans l’un des petits joyaux du Chemin, le village d’Estaing, avec ses petites ruelles pavées, dominées par un splendide château. Un passage incontournable sur le Chemin !

Comme je le disais, nous sommes passés en 24h d’un riche patrimoine naturel avec des paysages somptueux, et peu d’habitations, à un patrimoine bâti absolument remarquable, dans tous les villages traversés !

Estaing, Golinhac, Conques... c'est déjà la fin de mon voyage !

Après Estaing, une montée plutôt soutenue m’attendait pour regagner le point d’arrêt de cette avant dernière soirée, où je retrouvais Damien et Jacques (Pyrénéen, qui, pour l’anecdote, a rencontré sa femme sur un séjour La Balaguere en Mauritanie il y a 20 ans !!). Lors de cette étape, j’ai également fait la connaissance d’Olie, une jeune hollandaise de 21 ans, partie toute seule avec son sac à dos et sa tente depuis chez elle, 1 mois et demi plus tôt, et allant jusqu’à Santiago. Ce jour-là, elle avait marché 50kms, son sac de 14kgs sur le dos… Quand je vous dis que l’on rencontre des gens incroyables sur Compostelle !


Et, déjà, le dernier jour de marche se présentait, pour rejoindre Conques… J’ai repris la route depuis l’hébergement avec Jacques, Damien et Ervin, un Suisse qui reprenait son Chemin commencé 2 ans auparavant. L’idée était d’arriver assez tôt à Conques pour prendre le temps de découvrir le village, considéré comme l’une des perles de l’itinéraire.


Après avoir traversé les jolis villages d’Espeyrac et de Sanergues, le Chemin longeait la route jusqu’à Saint-Marcel, avant d’amorcer la descente sur Conques, à travers un petit chemin se faufilant en sous-bois. Cette portion rend encore plus « mythique » l’arrivée à Conques, puisque l’on descend dans cette vallée boisée sans jamais apercevoir le village ! Comme pour accentuer encore cette magie qui entoure cette étape incontournable, et ce moment-fort qui attend les pèlerins !

Jour 11 : L'arrivée mythique à Conques, avec son lot de moments forts

Et effectivement, moment fort il y aura ! Une soirée mémorable se présentait. Après la visite du village (et la bière post-rando incontournable), nous avons rejoint la salle du dîner où l’un des frères prémontrés a introduit ce repas avec humour, avant de présenter les animations à venir, auxquelles les pèlerins peuvent assister chaque soir. L’après-repas s’est notamment ponctué de la bénédiction des pèlerins par les frères, au sein de l’Abbaye, puis un concert d’orgues par frère Jean-Daniel (chair de poule assurée !!), mais également une explication du tympan de l’Abbaye, suivie d’animations de celui-ci par des jeux de lumière… Une soirée qui restera longtemps dans la tête des pèlerins de ce soir-là, à vivre absolument pour toute personne effectuant le Chemin !


Après une dernière nuit reposante, il était l’heure de prendre la navette du retour jusqu’au Puy en Velay.

Saint-Jacques de Compostelle ? Une expérience humaine avant tout !

Ces quelques jours sur le Chemin de Compostelle ont été une expérience d’une richesse incroyable, que ce soit au niveau des paysages et villages traversés, mais également et surtout au niveau des rencontres effectuées, avec les pèlerins comme les hôtes. Des échanges si simples, si naturels, avec des personnes venues du monde entier pour faire Compostelle, chacun pour des raisons et motivations différentes. Je conseille réellement à tout le monde de faire, ne serait-ce qu’un bout du Chemin (mais je ne suis pas sûr qu’en faisant un bout, on puisse ne pas vouloir continuer par la suite), cela représente un enseignement de vie fabuleux.


Je conclurai donc cet article par un clin d’œil aux personnes avec qui j’ai eu la chance de partager un bout de Chemin : Camille, Christian, Jacques, Damien, Yannick, Anne, Marie-Odile, Catherine, Maria, Ervin, Olie, et tant d’autres encore !!

A très vite, le Chemin.


Kevin revient de notre randonnée Chemin de Compostelle, Le Puy - Conques en formule gite.
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Un article de Kevin Lagarde