En Aragon dans les Pyrénées espagnoles, entre Jaca et Huesca, se trouve une forteresse minérale et colorée : ce sont les Mallos de Riglos.

© GUIX Olivier

Les Mallos de Riglos, massif espagnol prisé des grimpeurs et des randonneurs

Ce massif espagnol, petit par la taille, est immense par sa renommée. C’est un paradis pour les grimpeurs et un plaisir des yeux pour les randonneurs.

En venant de Jaca par la route du nord, les Mallos de Riglos apparaissent subitement au détour de la route. La vue est saisissante de majesté. D’immenses tours d’un rouge intense pointent dans le bleu du ciel. Il faut savoir garder le volant en main, telle la fascination du regard est grande.

C’est en se rapprochant, sur la route du village, que la vue est des meilleures. La surprenante couleur rouge est due à la présence d’oxydes de fer. Elle tranche avec la blancheur du village niché au pied des falaises.

Chaque pointe des Mallos de Riglos a son nom

De gauche à droite le Firé se présente de flanc. C’est le point culminant des Mallos de Riglos.

De face, le Pizon s’offre dans sa verticalité.

Plaqué contre lui, on peut selon l’angle de vue, distinguer le Puro, le cigare en espagnol. À l’extrême droite, les vautours ont élu domicile. Bien que premiers habitants des falaises, le dérangement des grimpeurs, leurs cris de joie ou d’émotion et le cliquetis de leur « mousquetaille », les ont contraints à transporter leurs pénates vers une banlieue plus calme.

Les nids sont repérables aux traînées blanches de leurs commodités. Un lotissement de vautours n’a pas besoin de plan d’assainissement. Quand l’oiseau est dans le besoin, il se tourne, lève sa queue et « zou », dans le vide sans chichis ni manières.

© GUIX Olivier

La formation géologique des Mallos de Riglos

Il faut remonter à l’ère tertiaire, soit plusieurs millions d’années en arrière, pour s’expliquer la curieuse formation des Mallos de Riglos.

Suite au démantèlement des Pyrénées d’énormes couches de galets et de sédiments sont transportées et déposées ici.

À l’époque, le Rio Gallego qui lèche le pied des Riglos de ses eaux turquoise était déjà en place. Rien à voir avec l’aimable cours d’eau qui fait aujourd’hui le plaisir des amateurs de rafting. Il faut imaginer de phénoménales masses d’eau et de boues liquides dévalant la montagne avec une puissance infernale.

Les blocs concassés, roulés puis polis dans cette lessiveuse naturelle sont réduits à l’état de galet et arrondis. Les boues durcies sous l’effet de la pression cimentent le tout.

Le grimpeur connaît bien ce type de rocher aux prises parfois incertaines. Les géologues, poètes à leurs heures, lui donneront le nom de poudingue. Le terme provient par analogie de l’anglais « pudding ». Bonne comparaison avec ce monument de la gastronomie très british fait d'une pâte compacte dans laquelle se distinguent les raisins secs et fruits confits.

Quelques millions d’années plus tard, à l’ère quaternaire (dans laquelle nous nous trouvons encore), un puissant phénomène d’érosion entre en œuvre. Les roches tendres, notamment les grès sont rapidement dégagées. Les poudingues, plus solides résistent.

Les Mallos de Riglos tels qu’ils nous apparaissent sont donc les beaux restes d’un massif aujourd’hui disparu.

Ce phénomène n’est pas spécifique à cette région. D’autres Mallos d’origine identique, pointent par-ci par-là sur le versant sud des Pyrénées. Le salto de Roldan, Vadielo pour ne citer que les principaux.

Ces nobles gravats ont de tout temps aiguisé la convoitise des grimpeurs.

Depuis la découverte des Mallos de Riglos, de nombreux grimpeurs s’y sont essayés. Sans succès. Vu le matériel de l’époque, il fallait oser s’attaquer à ces forteresses réputées imprenables. Jean Arlaud lui-même y prit une veste en 34.

Les premiers qui réussirent étaient 3 catalans. Par un beau matin du 17 août 1942, ils étaient sur les lieux dès l’aube, gonflés à bloc et décidés d’en découdre. Il faisait grand beau, les rayons du soleil levant caressaient le village endormi, les guêpiers zébraient l’azur, les vautours matinaux scrutaient le sol en quête de leur petit déjeuner.

Ce matin-là, ils arrivèrent en haut du Firé. La voie était ouverte vers d’autres conquêtes. Le Pizon tomba en 46 et le Puro en 53. Depuis, plus de 200 voies ont été ouvertes

De nombreux grimpeurs accourent ici du monde entier pour inscrire les Mallos à leur palmarès.

De splendides itinéraires de randonnée sillonnent les Riglos offrant les vues les plus diverses sur cet étonnant massif.

À quelques kilomètres, de l’autre côté du Rio Gallego, les Mallos de Aguerro sont aussi à découvrir.


Quelques suggestions de promenades :

Le mirador de los buitres

Le monastère de Anies


Nos randonnées : Mallos de Riglos et ermitages secrets en liberté ou Citadelles de pierre en Aragon en petit groupe accompagné.

Un article de Gérard Caubet

Accompagnateur en montagne et écrivain pyrénéiste

Autres articles

© COLIN Vincent

Enfants et parents, tout le monde trouve son compte en Sierra de Guara | La Balaguère

Franck, accompagnateur spécialiste de la randonnée et du canyoning en Sierra de Guara, nous présente des séjours adapté ...

Christian, voyageur de retour de Collioure - Cadaquès | La Balaguère

Randonner, c'est aussi la meilleure façon de découvrir le vrai visage d'une région, c'est prendre son temps, s’agencer s...

© Cerdanya Ecoresort

Axelle, voyageuse de retour du séjour Yoga, rando zen et spa dans les Pyrénées | La Balaguère

Ce voyage comportait tous les aspects qui m'intéressaient : découverte de nouveaux massifs, découverte du yoga, hôtel co...

© Vincent Colin

La Costa Brava, côte sauvage | La Balaguère

Costa Brava signifie « côte sauvage », à cause de son littoral rocheux et découpé. Un vrai paysage de carte postale. Pui...

© Unclesam - stock.adobe.com

La Côte Basque, entre randonnées et gastronomie ! | La Balaguère

Ça ne monte pas beaucoup, les paysages sont beaux, c’est la joie de vivre basque et le dépaysement est assuré. L’itinéra...