Marcher sur le Camino Francès | La Balaguère

© FOTOLIA / maartenhoek

D'où vient le nom du Camino Francès ?

Le Camino francés appelé aussi chemin intérieur, ne tire pas son nom d’une quelconque sur-fréquentation franchouillarde.
L’explication est ailleurs. Pour la trouver, un voyage dans le temps s’impose.
Jusqu’au 12° siècle, l’Espagne était aux mains du calife de Cordoue. Seuls quelques réduits de chrétiens wisigoths subsistaient dans les Pyrénées et les monts cantabriques.
Pour se rendre à Santiago, les pèlerins soucieux de ne pas perdre la tête d’un coup de cimeterre, empruntaient le Camino del Norte qui longe la côte. Problème de ce chemin, sa difficulté. Il est entrecoupé de profonds bras de mer que le pèlerin devait traverser ou contourner.


Puis commence la « Reconquête ». Elle est conduite à coups d’épée par Alphonse 1° dit le batailleur et son copain Rodrigo Diaz de Vivar plus connu sous le nom de Cid Campéador.


Et ça marche ! Le nord de l’Espagne est rapidement libéré et du même coup un passage plus aisé vers Compostelle se dégage.
Alphonse I° assure le service après vente et fait la promo de son chemin auprès du roi des francs. Le nom Camino francés viendra de là. Le succès sera durable. Pendant des siècles, des milliers de pèlerins, peut être des millions l’emprunteront dans les deux sens. Le train n’existant pas encore, il fallait bien rentrer au bercail !


Après un trou d’air, le Camino francés revient à la mode. En 1993, il est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
En 2015, l’archevêché de Compostelle délivrera 125 241 Compostelas à des pèlerins issus de 110 nationalités différentes.


Le Camino francés proprement dit démarre à Puente de la Reina de la jonction avec le chemin de Navarre et celui d’Aragon, prolongation du chemin d’Arles.

Une trentaine de jours de marche pour rejoindre Santiago.

Pour autant, ne pas flipper par avance. Les étapes quand elles sont calculées avec raison sont avalées sans difficulté. Il suffit de ne pas être prétentieux sur la distance. Se baser sur 20 à 30 km par jour.
Pour le moment il n’existe pas de « trail  jacquaire » mais ça peut venir !


Ceux qui croiraient qu’une fois les Pyrénées franchies, le reste est plat comme la table se mettent le doigt dans la coquille. La Meseta mise à part, les montées et les descentes s’enchaînent sans discontinuer.


Les monts de León, entre Astorga et Ponferrada ne laissent pas les mollets indifférents. C’est d’ailleurs ici, au puerto Irago à 1504 mètres que se trouve le point culminant du Camino francés.
C’est seulement après que commence la descente en roue libre vers la Galice et Santiago.


Pour éviter la chaleur, mieux vaut se lever au point du jour et se mettre en route à la fraîche. Quelques petites haltes et grignotages en chemin permettent d’éviter les coups de pompe.
Arriver vers 15H, c’est bien. Ça laisse toute l’après-midi pour vaquer à des occupations diverses. Pour les frustrés des grasses matinées ce sera un petit roupillon réparateur, d’autres laveront leurs chaussettes ou feront des courses. Quand d’aucuns se précipiteront sous la douche certains irons boire une bière au bar du coin. En Espagne, le demi est quasiment à moitié prix !
En arrivant à 15H, on peut aussi déjeuner à l’heure espagnole. Ici le repas de midi se sert jusqu’à 16 H. Chaque pays traversé à sa spécialité. Un petit verre de vin de Rioja derrière la cravate ne nécessite pas d’aller à confesse. C’est plutôt s’en priver qui serait un pêché !

Le chemin de Compostelle, c’est aussi une grande variété de paysages

L’un des plus symboliques est la traversée de la Meseta qui s’étire entre Burgos et Léon. Les photos de ce grand plateau brûlant de soleil (en été), traine dans tous les guides touristiques.

Il n’est pas non plus interdit de faire un peu de tourisme. Le Camino francés offre de tant d’occasions de se « culturer », qu’il  serait dommage de passer à côté.
La plupart des monuments sont des « melting pot » d’art religieux, de culte à locaux et de dévotion à Saint Jacques.


La première des découvertes est Saint-Jean-Pied-de-Port fortifié par Vauban. Suit ensuite Roncevaux et son hôpital multi centenaire où plane le souvenir de la déculotté prise par le preux chevalier Roland, neveu de Charlemagne. A Santa Domingo de la Calzada la présence de poules dans l’église raconte à qui veut l’entendre la légende du pendu dépendu.
A Atapuerca, l’homo antecessor regarde impassible passer les pélerins depuis 1,2 millions d’années. C’est le plus ancien représentant du genre Homo en Europe occidentale.


Burgos et sa cathédrale méritent un arrêt. Le petit village de Vivar à 7 KM aurait vu naître le Cid Campéador. L’histoire nous apprend que sous l’armure du personnage de légende se cachait un mercenaire louant ses services au plus offrant… qu’il soit chrétien ou musulman, l’argent n’a pas d’odeur.


Léon est également une ville où les pèlerins font naturellement étape. On ne peut manquer de visiter la cathédrale Santa Maria de style gothique flamboyant.
De nombreux rituels scandent l’itinéraire. S’y conformer c’est faire acte d’appartenance à la communauté jacquaire.


A la Cruz de Ferro il est d’usage que chaque pèlerin dépose au pied de la croix une pierre ou un caillou transporté depuis le lieu de départ. Par ce geste symbolique le randonneur est censé se libérer de tout ce qui lui pèse.
Surtout ne pas oublier le caillou !
Une coutume récente consiste à placer sur le monticule des photos personnelles, des notes manuscrites, des vêtements ou des objets.

L’arrivée à Saint-Jacques de Compostelle mériterait un ouvrage à elle seule

Le moment est vécu comme un soulagement mais aussi comme une déception d’en avoir fini avec cette aventure de soi.
L’ultime rituel consiste à assister à la messe des pèlerins et à se faire délivrer la Compostela contre preuve d’avoir effectué le chemin mu par des motivations spirituelles. Les mécréants devront se contenter d’une attestation.


Toutes nos randonnées sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle et sur le Camino Francès

Un article de Gérard Caubet

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