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Robert Louis Stevenson, célèbre écrivain écossais et auteur de L'Île au trésor et L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, s'est lancé dans une aventure singulière à travers les Cévennes françaises. Parti à pied du Monastier-sur-Gazeille le 22 septembre 1878, il parcourt pendant douze jours un périple de 220 km jusqu'à Saint-Jean-du-Gard, accompagné uniquement de son ânesse Modestine. Ce voyage, qui allait devenir mythique, traverse quatre départements (Haute-Loire, Ardèche, Lozère et Gard) sur des chemins escarpés rappelant les Highlands de son Écosse natale. Dans son carnet de route, qui deviendra plus tard Voyage avec un âne dans les Cévennes, il immortalise cette traversée unique des montagnes cévenoles, à une époque où le concept même de randonnée n'existait pas encore.

Robert Louis Stevenson, jeune écrivain écossais

Stevenson partit à pied le 22 septembre 1878 du Monastier-sur-Gazeille pour arriver douze jours plus tard, à Saint-Jean-du-Gard. Ses aventures, ses états d’âme sont scrupuleusement notés dans son carnet de voyage.


Il ne dit pas qu’il part dans les Cévennes se consoler d’un chagrin d’amour appelé Fanny. Le coup de foudre est réciproque mais la jeune femme de 10 ans son aîné n’est pas libre. Malheureuse en ménage, Fanny à le sens du devoir lequel lui dicte de retourner en Californie rejoindre son époux.


Stevenson ignore que plus d’un siècle et demi après, son carnet de route entrera dans l’histoire. Son ânesse Modestine ignore encore plus qu’elle y tiendra le rôle principal. Voyage dans les Cévennes avec un âne regorge d’anecdotes savoureuses. C'est presque un topo guide avec la poésie en plus.

Quelle est l'histoire du chemin de Stevenson ?

La transformation du périple de Stevenson en sentier de grande randonnée s'est concrétisée en 1978, lors du centenaire de son voyage. La Fédération Française de Randonnée Pédestre inaugure alors le GR70, un tracé de 272 kilomètres reliant Le Puy-en-Velay à Alès.


Le succès grandissant du sentier a conduit à la création d'une association dédiée en 1994, œuvrant pour valoriser ce patrimoine unique. Aujourd'hui, plusieurs dizaines de milliers de marcheurs parcourent chaque année les paysages qui ont tant marqué l'écrivain écossais.


Une particularité remarquable : deux étapes supplémentaires ont été ajoutées au tracé originel pour faciliter l'accès aux randonneurs, permettant de rejoindre aisément le chemin en train depuis Le Puy-en-Velay ou Alès.

Aujourd'hui, le chemin de Stevenson est un chemin de randonnée dont l’âme transparait à chaque détour du sentier, comme le sont aussi le sentier cathare et Saint-Jacques de Compostelle. Le livre est vite lu. Surtout ne pas oublier de le glisser dans une poche du sac à dos et parcourir le soir les quelques lignes du pays traversé le jour-même.

Pourquoi le choix de Stevenson s’est-il porté sur les Cévennes ?

Certainement par la ressemblance de ces montagnes avec les Highlands d'Ecosse. Le premier titre choisi était d'ailleurs « Voyage dans les Highlands françaises ». La guerre des camisards occupe une place centrale dans son récit. « Dans ce labyrinthe inextricable de montagnes, une guerre de bandits fit rage pendant deux années entre le Grand Roi avec toutes ses troupes et quelques milliers de montagnards protestants. Il y a cent quatre-vingts ans, les Camisards tenaient un poste là même, sur les monts Lozère où je suis. Leurs affaires faisaient « le sujet de toutes les conversations des cafés » de Londres. »


Le choix des Cévennes est aussi dicté par son admiration pour Georges Sand dont le roman Le Marquis de Villemer venait de paraître et dont l'intrigue se jouait dans la région du Puy en Velay. À Monastier, Stevenson explore les lieux, prend des notes et dessine. Il observe : « Le Monastier est fameux par la fabrication des dentelles, par l'ivrognerie, par la liberté des propos et les dissensions politiques sans égales. »


Au bout d'un mois passé au Monastier, il décide de partir en itinérance vers le sud. Il prépare son équipement : un revolver, une lampe à alcool, une poêle, des vêtements de rechange, une couverture de voyage, du chocolat et des saucisses pour provisions.

Modestine, une ânesse pour seule compagnie

Pour résoudre l’épineux problème du portage, il se décide à acheter un animal de bât. Son choix se porte sur un âne.


Encore sous le choc de sa séparation avec Fanny, son dépit amoureux pointe en filigrane entre les lignes :


« On comprendra sans peine que je ne pouvais porter cet énorme attirail sur mes propres épaules – simplement humaines. Restait à choisir une bête de somme. Or, un cheval est, d’entre les animaux, comme une jolie femme, capricieux, peureux, difficile sur la nourriture et de santé fragile. Il est de trop grande valeur et trop indocile pour être abandonné à lui-même, en sorte que vous voilà rivé à votre monture comme à un compagnon de chaîne sur une galère. Un chemin difficultueux affole le cheval, bref c’est un allié exigeant et incertain qui ajoute cent complications aux embarras du voyageur. Ce qu’il me fallait c’était un être peu coûteux, point encombrant, endurci, d’un tempérament calme et placide. Toutes ces conditions requises désignaient un baudet ».


En fait de baudet, il achète une ânesse « à raison de soixante-cinq francs et d’un verre d’eau-de-vie ».


Il la surnomme 'Modestine' et la personnifie non sans arrière-pensée pour sa bien-aimée : « Un regard plein de bonté et une mâchoire inférieure bien dessinée. Il y avait autour de la coquine, quelque chose de simple, de racé, une élégance puritaine, qui frappa aussitôt mon imagination

C'est parti pour 12 jours de marche sur le futur GR70

A l’époque le concept de randonnée n’existait pas encore. La seule vue de ce personnage fantasque et bohème, se promenant avec un âne, faisait se gondoler de rire les indigènes cévenols.

« Un touriste de mon genre était jusqu’alors chose inouïe dans cette région. On m’y considérait avec une piété dédaigneuse comme un individu qui aurait décidé un voyage dans la lune. »


Stevenson démarre le 22 septembre 1878 et ça commence vraiment très mal.

« Le jour de mon départ, j’étais debout un peu après cinq heures. Vers six heures, nous commençâmes à charger le baudet et dix minutes plus tard mes espérances gisaient dans la poussière. Le bât ne prétendait pas tenir sur le dos de Modestine, même une demi-minute.».


Né dans une famille de concepteur de phare écossais, Stevenson n’avait aucune aptitude naturelle à la conduite des ânes. Il en fit l’apprentissage sur le tas.

« Et vous marchez comme ça ! s’écria-t-il. Et rejetant la tête en arrière il partit d’un long et cordial éclat de rire. Je le regardai, déjà prêt à demi à me sentir offensé, tant qu’il eût satisfait à son hilarité. Et alors : « Vous n’avez pas à avoir aucune pitié pour ces animaux », fit-il. Et arrachant une verge à un buisson, il se mit à en fouetter Modestine sur l’arrière-train, en poussant un cri. La malheureuse redressa les oreilles et partit sans façons à une vive allure qu’elle garda sans ralentir, sans témoigner du moindre symptôme de détresse, aussi longtemps que le paysan resta près de nous.


Parti à l’aventure, sans carte ni topo, Stevenson dormait où la nuit le surprenait. Ses récits de bivouac donneraient presque envie de tenter l’expérience.

« La nuit est un temps de mortelle monotonie sous un toit ; en plein air, par contre, elle s’écoule, légère parmi les astres et la rosée et les parfums. Les heures y sont marquées par les changements sur le visage de la nature. Ce qui ressemble à une mort momentanée aux gens qu’étouffent murs et rideaux n’est qu’un sommeil sans pesanteur et vivant pour qui dort en plein champ. La nuit entière il peut entendre la nature respirer à souffles profonds et libres ».


A l'époque de Stevenson, les gîtes d'étapes n'existaient pas encore. Il s'hébergeait dans des auberges rudimentaires.

« Qu'on imagine une maison campagnarde à deux étages, la cuisine et l'étable contiguës, où Modestine et moi pouvions nous entendre dîner réciproquement. Sol de terre battue, un dortoir unique pour les voyageurs. Dans la cuisine, cuisson et manger vont de pair et la famille y dort la nuit. La nourriture est souvent frugale : du poisson sec et une omelette. Le vin y est médiocre, l'eau-de-vie abominable. »


L'écrivain souligne néanmoins la qualité de l'accueil reçu. « Les gens de l'auberge, neuf fois sur dix, se montrent cordiaux et empressés. Aussitôt que vous avez passé le seuil, vous cessez d'être un étranger et ces paysans témoignent d'une notion de gentil savoir-vivre, dès que vous partagez leur foyer. »

Epilogue

Arrivé à Saint-Jean du Gard, le voyage prend fin. Il lui faut se séparer de Modestine. Le moment est plein d’émotion.


« Modestine et moi – ce fut notre dernier repas ensemble – nous cassâmes la croûte sur le faîte du Saint-Pierre, moi assis sur un tas de cailloux, elle debout à mon côté au clair de lune et, comme une personne distinguée, recevant le pain de mes mains. La pauvre bête mangeait mieux ainsi, car elle avait pour moi une sorte d’affection que j’allais bientôt trahir ».


Mais l’histoire ne s’arrête pas là. L’année suivant son épopée cévenole, il part en en Californie rejoindre sa dulcinée.


Là bas, il l’attendra un an dans le dénuement le plus total. Le temps qu’elle se délie de ses liens conjugaux. Ils se marient le 19 mai 1880 et choisiront de passer leur lune de miel dans une mine d’argent désaffectée. Trois ans plus tard paraît son bestseller « l’ile au trésor ». Fanny et Louis Robert partent vers la Polynésie dans les îles Samoëns qu’ils ne quitteront jamais.


De santé fragile, une embolie cérébrale l’emporte le 3 décembre 1894. Son corps est porté par 400 Samoëns au sommet du mont Vaea où il repose depuis.

Combien de jours faut-il pour parcourir le chemin de Stevenson ?

La durée du GR70 varie selon votre rythme et votre condition physique. Les randonneurs parcourent aujourd'hui ces 270 kilomètres en 7 à 14 jours selon leurs objectifs. Dans le livre, Robert Louis Stevenson met 12 jours en compagnie de son âne pour parcourir l'entièreté du GR70. 


Pour une expérience confortable, comptez environ 20 kilomètres quotidiens, soit 13 à 14 jours de marche. Les marcheurs plus aguerris peuvent opter pour un rythme soutenu de 30 kilomètres par jour, bouclant le parcours en 9 jours.


Le dénivelé total de 8000 mètres positifs nécessite une bonne préparation physique. Un randonneur averti privilégiera des étapes de 25 kilomètres par jour, permettant d'apprécier pleinement les paysages tout en maintenant un rythme régulier sur 11 jours.

Un article de Gérard Caubet

Accompagnateur en montagne et écrivain pyrénéiste

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Vos questions fréquentes

Robert Louis Stevenson est un jeune écrivain écossais qui, pour se consoler d'un chagrin d'amour, est parti à pied le 22 septembre 1878 du Monastier-sur-Gazeille pour arriver douze jours plus tard, à Saint-Jean-du-Gard. Total du périple 220 km à travers les Cévennes avec un âne pour toute compagnie. Ses aventures, ses états d’âme sont scrupuleusement notés. Il ignore que plus d’un siècle et demi après, son carnet de route entrera dans l’histoire. Son ânesse Modestine ignore encore plus qu’elle y tiendra le rôle principal.